J’aime beaucoup le site de L’Œil de la Photographie, grâce auquel je découvre des univers photographiques dont certains sont passionnants. Mais il arrive aussi que parfois se glisse dans vos colonnes quelques inexactitudes, dont une qui m’a fait bondir au plafond tellement elle était fausse et d’une inutilité qui n’avait d’égale que sa méchanceté gratuite (ndlr : voir l’article publié le 12 juin intitulé « Pierre Houlès Ses amis : The French Mafia« ).
Il s’agit d’un article consacré à Pierre Houlès, lequel avait, dans les années 70, travaillé avec Jean-Paul Goude sur ses premiers pas dans la photographie. Jean-Paul est mon ami depuis la fin des années 50 et je connais tout son travail sur le bout des doigts ; d’autre part, j’ai également bien connu Pierre Houlès lorsqu’il aidait Goude à la fabrication de ses images. Je garde de lui le souvenir d’un type charmant dont j’appréciais beaucoup l’humour caustique. Goude était alors célèbre tant comme directeur artistique du magasine Esquire que comme illustrateur. L’approche n’étant pas simple vis-à-vis de ce nouvel outil qu’est la photographie, Jean-Paul avait effectivement demandé à Pierre de l’assister dans la fabrication des photos qu’il avait dans la tête. Il se trouve que j’étais souvent à New York et je me souviens très bien de leur amitié, de leur complicité et de leurs fou-rires. Mais remettons les choses à leur place. Si Jean-Paul a compté sur Pierre pour la partie strictement technique, pour des repérages ou pour des éléments de casting, c’est lui qui a toujours donné les directives et il est toujours resté l’auteur intégral de son style et de ses idées.
Ils sont rares, dans notre beau pays, les artistes qui, toutes disciplines confondues, n’ont jamais copié ou volé la moindre idée à quelqu’un, et Jean-Paul en est justement l’exemple le plus incontestable. Je l’ai toujours vu creuser le même sillon à partir de ses obsessions et je défie quiconque de me prouver qu’il ait pu, ne serait-ce qu’une fois, s’approprier le travail ou les idées d’un autre. Il n’a jamais eu besoin de personne pour s’intéresser avant tout le monde aux communautés noires ou hispaniques de l’Amérique des années 70 et son univers n’appartient qu’à lui.
D’autre part, je me souviens que Jean-Paul fut justement le premier à reconnaître les dons de Pierre Houlès à l’époque, alors que les autres, ceux qui aujourd’hui montent sur le cheval de la réhabilitation tardive, en ignoraient jusqu’à l’existence et je suis convaincu que ce dernier serait très surpris par cette basse petite attaque contre son ami, venant de gens qui, comme souvent en France, en veulent à quiconque jouit d’un succès uniquement dû à son originalité.
Faire un article sur Pierre Houlès et rendre hommage à son talent était une très bonne et belle idée, mais je m’étonne toujours que dans ce pays on ne puisse pas dire du bien de quelqu’un sans dire du mal d’un autre.
Jean-Paul n’est pas au courant de cette petite mise au point, j’en suis le seul responsable.
Jean Marie Périer