Pour mon travail au cinéma je suis régulièrement amené à concevoir des prolongements d’architecture ou de faux espaces perspectifs que l’on vient placer à l’arrière des décors. Ce sont de grands tirages qu’on appelle « découvertes » et dont le rôle consiste à donner l’illusion du réel et de sa profondeur dans le studio de prise de vues.
Cette série justement pose la question du statut de l’image et de la représentation comme pure fabrication liée à une vision artistique et culturelle du paysage, qu’elle soit d’origine picturale, cinématographique ou littéraire.
Peut-être qu’un jour notre rapport au visible ne sera plus qu’une fiction sur écran et le paysage une trace ou simplement un voile dans le flot uniforme des images. Une nature fabriquée, artificielle, dupliquée, qu’on pourra à loisir transférer, déplacer, remanier, imprimer et si besoin remplacer comme un jeu de dupes admis dans les failles et les marges du réel. Comme ce télescopage poétique et fragile de mes images, factices et mystérieuses, relevant du rêve ou de l’imaginaire et pourtant si tangibles dans leur matérialité… Images d’un monde troublant, réinventé et comme transfiguré dans ses propres manipulations et cette urgence d’aller toujours chercher au delà du sens premier des choses.
Né à Paris en 1973, Jean Noviel vit et travaille à Montreuil, France.