J’ai grandi sous un ciel d’orage, une pluie fine dessinait mes pas. En ces paysages d’illusions, j’égarais le fil de mon existence. Un soir, l’instant fébrile se fit déluge, emporté par les vents des autres, moi avait disparu.
Nous étions désunis, fragmentés dans nos vies, sans autre intention que celles accordées à nos craintes. L’espace alentour désormais muselé en nous-même, l’autre fut condamné à l’impasse du quant-à-soi. Je finis par rencontrer le destin, celui de n’en être aucun, aucun autre que d’oser la vérité d’un pays sans chemin.
À marcher vers ailleurs, la solitude devient un privilège, l’audace une promesse. Libéré des attentes, la rencontre émerge enfin. Au présent, chacun peut s’y reconnaître, et nous aussi. Empreintes photographiques, vagues isolées dans l’infini des océans, animaux flamboyant au souffle de leur salutaire sauvagerie, humains particuliers et cependant si semblables.
Le Tout n’a jamais souffert de ses parties, elles sont liées à son mystère autant qu’à sa clairvoyance. Une amplitude au-delà de toute secousse, une puissance au-delà de tout pouvoir. Tant d’éléments indissociables et pourtant singuliers, tant de Vie où rien ne manque et où tout y est indispensable. Ainsi palpite l’originel paradoxe de la naissance et la mort.
Nous y voilà, à l’inspiration du souffle.
Marcher au bord de l’eau, au bout d’un monde, d’île en île, points de suspension vers cette phrase à écrire. Un air d’ailleurs, de sel, de larmes de froid, de soi, de joie, et tout entier emporté.
Ailleurs. Chacun ensemble, retrouvons-nous.
Jean-François Spricigo
Jean-François Spricigo, Les îles
Du 2 juin au 29 juillet 2017
Galerie Camera Obscura
268, boulevard Raspail 75014 Paris
France
