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Jean-Claude Gautrand et la mémoire des lieux

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Du 18 janvier au 3 mars 2018, la galerie Argentic, à Paris, présente une sélection d’une cinquantaine de photographies de Jean-Claude Gautrand. Ce choix, réalisé avec l’artiste, couvre plus de 60 ans de prises de vue et rassemble ses plus belles séries dont Bercy et L’Assassinat de Baltard, présentées ici.

L’attrait de la découverte des traces du passé est incontestable. Le silence des ruines est bien souvent une machine à mémoire. Face aux dégradations et à la dilution progressive de certains lieux, l’émotion ressentie est permanente. Elle appelle à la nécessité de retrouver, de conserver tout ou partie des racines de chacun d’entre nous. L’ensemble des images de Jean-Claude Gautrand répond ainsi à un réel besoin que seule la photographie peut satisfaire. Elle répond donc totalement au souhait manifesté par Charles Baudelaire : « Qu’elle sauve de l’oubli les ruines pendantes… que le temps dévore, les choses précieuses dont la forme va disparaitre et qui demande une place dans les archives de la mémoire ». Des archives indispensables à la compréhension du présent.

 

L’Assassinat de Baltard (1971)

L’actualité va décider du déroulement de la suite de l’œuvre de Jean-Claude Gautrand. En 1971, celle-ci va croiser le destin des Halles de Baltard et le diriger vers le rôle de chroniqueur de ce qui est appelé à disparaître. La démolition des Halles de Baltard cette année-là va être, pour beaucoup de parisiens un véritable bouleversement. Comme eux, Gautrand réagit violemment à cette décision et va protester contre l’anéantissement d’un chef d’œuvre exceptionnel de l’architecture métallique du XIXème siècle situé en plein cœur de Paris. En ce désert du mois d’août parisien, il sera l’un des seuls à réaliser un reportage sur l’ensemble des opérations. Vaste pamphlet et témoignage visuel sans concession où résonne, dans ces images expressionnistes, l’écho d’un quartier qui s’est tu. « Un calme équilibre entre les volumes et les lignes et pourtant, souterraines, une inquiétude, une indignation, voire une colère. Ces sentiments ne viennent pas dérager l’harmonie des formes, mais imprègnent l’espace d’une poésie parfois menaçante », illustre Jean-Claude Lemagny, conservateur spécialiste de la photographie contemporaine.

Bercy, la dernière balade (1979 – 1989)

Quelques années plus tard cette même actualité va l’inviter à dresser un ultime inventaire de ce qui fut l’authentique dernier village parisien du XIXème siècle. Sacrifié à de fructueuses opérations immobilières, Bercy a, à tout jamais, perdu le charme, la quiétude, la poésie que son labyrinthe de rues et de ruelles offrait aux Parisiens. Cette dernière balade au milieu des chais, des tonnelleries, de la voirie est une invitation poétique à la « contemplation délectation » d’un harmonieux enchevêtrement du minéral et du végétal. Un lieu relativement méconnu alors des Parisiens qui révèle ici les extraordinaires lumières qui baignaient ce village hors du temps. Une série bucolique, dirait-on, qui ne cache cependant pas la rage mélancolique d’un parisien devant la destruction d’un patrimoine.

 

Jean-Claude Gautrand, Itinéraire d’un photographe
Du 18 janvier au 3 mars 2018
Galerie Argentic
43 Rue Daubenton
75005 Paris
France

www.argentic.fr

Le livre peut être commandé aux Editions Bourgeno, 32 rue de Thionville – Paris 19ème, sur Amazon ou retiré sur place à la Galerie Argentic

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