“Absurdement, tout ce que j’ai fait a été de chercher sur internet le nom de la ville la plus dangereuse des États-Unis. Je voulais sentir cette étrange énergie prodiguée par les lieux où les règles et les contraintes sociales ont été abolies ou affaiblies. Une impression de liberté mélangée à l’excitation du danger. Je voulais aussi comprendre et constater ce qu’est la vraie vie au-delà des statistiques, et m’assurer qu’il est toujours possible de s’adresser aux autres, aussi distants et étrangers qu’ils puissent sembler être.
En haut de la liste, j’ai trouvé Camden, dans le New Jersey, à moins de deux heures de New York. Là-bas, j’ai découvert le visage de la pauvreté ordinaire caché derrière la stigmatisation et les stéréotypes. À partir de mes observations régulières et répétées des détails fortuits et significatifs traduisant la destruction et l’impuissance, mais aussi des réactions émotionnelles que j’ai pu y rencontrer, j’ai été confronté aux réalités de ceux qui ont été exclus du système depuis trop longtemps, victimes de ce que le sociologue Loïc Wacquant appelle une « stigmatisation territoriale » de quartiers entiers comme « zones de non-droit », jouant comme élément déterminant de la nouvelle « exclusion urbaine du vingt-et-unième siècle ». Pourtant il n’y a pas plus de violence à Camden que n’importe où ailleurs. Elle est juste plus crue et plus visible, moins dissimulée derrière l’hypocrisie et le cynisme. Peut-être ce travail permettra de mieux comprendre la machine économique et sociale qui nous avale et nous recrache. Comment déterminer ce qui se passe vraiment – et ensuite ce qu’on peut y faire – est la question fondamentale pour toute prise de conscience sociale et politique.
Lire la suite de l’article dans la version anglaise du Journal
Jean-Christian Bourcart – Camden
Du 5 janvier au 2 février 2013
The Invisible Dog
51 Bergen Street
[between Smith & Court streets]
Brooklyn, NY, 11 201
USA
Ouvert du Jeudi au Samedi de 13h à 19h et le samedi de 13h à 17h
