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Jason Florio, les irréductibles de Birmanie

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Les quinze portraits en couleur qu’arborent les murs de la Messineo-Wyman Gallery de New York sont ceux de combattants et civils de la région de Karen, un état birman qui résiste à la junte et se bat pour son indépendance économique et politique depuis 62 ans. C’est en 2010 que le photographe britannique Jason Florio découvre leur histoire, alors commissionné par Men’s journal magazine pour un reportage sur un ancien membre des forces spéciales américaines qui aident plus médicalement que militairement cette population.
Dans ce conflit aux allures de David contre Goliath, il s’empoigne pour ces victimes du régime autoritaire, qui pratique systématiquement brutalité, meurtres, viols, travail forcé ou destruction de villages. Son reportage ne sera pas publié mais encouragé par le journaliste qui l’accompagne, il retourne dans l’Etat de Karen en février 2011 pour réaliser sa propre série photographique, traversant illégalement les frontières sur un petit bateau et un guide. « Quand je suis arrivé , raconte-t-il, le village avait été récemment attaqué par les soldats birmans. Eux tentent de simplement défendre leur terre. La plupart de ses gens ont passé leur vie a essayé de cultiver leurs champs de riz et de façon récurrente à s’échapper dans la jungle pour après revenir retrouver leur habitations détruites.  »
Proches assassinés, victimes de mines anti personnelles, bataille pour les droits de l’Homme : autant de raisons qui ont poussé ces combattants volontaires à prendre les armes, datant par ailleurs de l’ère du Vietnam. Devant l’objectif de Jason Florio, on verra également leurs femmes et leurs enfants, un choix qui a pris du temps pour le photographe. «  Au départ je pensais ne montrer que les combattants pour le côté iconique, mais j’ai finalement décidé de les mélanger aux civils.  »
Idée originale : Jason Florio a réalisé son projet en portraits et non en scène de reportages. Des mises en scène sur fond grisâtre translucide – un drap familial datant de la 2e Guerre Mondiale – qui laisse se dessiner derrière le paysage de la jungle birmane. «  J’ai voulu amener l’histoire de façon plus simple pour le spectateur avec ces portraits formels, en les humanisant.  » Un style photographique qui rappellera que Jason Florio a été assistant de mode au début de sa carrière.
Après toutes ces années, les habitants de Karen pourront peut-être entrevoir un meilleur avenir depuis que le nouveau chef d’Etat Birman Thein Sein les a récemment reçu en vue de l’arrêt d’un des plus vieux conflits du monde. En attendant, Jason Florio suit toujours l’évolution de près mais envisage déjà un autre projet de reportage, sur les bords d’un fleuve de l’Afrique de l’Ouest, frappés entre autre par la désertification.

Jonas Cuénin

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