Jacques Revon est un photographe de longue date. Nous avons publié son travail à de nombreuses reprises et il a récemment ouvert notre nouvelle chronique L’Œil Argentique, présentant ses photographies prises avec des films périmés de longue date reçus de son père (pour information, Jacques a 75 ans). Depuis un certain temps, il s’est également transformé en alchimiste, traitant les films avec un vaste domaine de révélateurs très inhabituels, en commençant par le café, puis le vin, la bière, le thé et de nombreuses herbes aromatiques. Dès aujourd’hui et pendant plusieurs mois, L’Œil Argentique présentera les images issues de ses recherches, ainsi que les recettes détaillées qu’il a concoctées. Si vous rêviez d’un livre de recettes de la chambre noire, c’est celui-ci. Aujourd’hui, vous trouverez dans L’Œil Argentique le premier épisode de ses aventures avec le cafénol. A suivre.. Bon appétit!
GD
Une histoire magique, celle d’un révélateur alternatif
Ce n’est simplement ici qu’une histoire simple issue de ma curiosité, je n’ai rien inventé.
Après de nombreuses semaines de recherches et d’essais personnels pour développer une pellicule argentique noir et blanc dans un révélateur dit « alternatif » j’ai décidé de vous raconter cette histoire un peu magique.
Il y a quelques mois, j’apprends que les polyphénols composants des révélateurs, se retrouvent aussi dans beaucoup d’herbes aromatiques, dont les teneurs des ces composants sont différents, C’est ainsi par simple curiosité et par envie de connaitre, que je décide alors de me pencher sur le sujet.
En effet aux Etats-Unis en 1995, Scott Williams Professeur de chimie inorganique, directeur du programme d’études supérieures en science et ingénierie des matériaux à l’École de chimie et des sciences des matériaux au Rochester Institute of Technology, met avec ses étudiants en évidence, un travail de recherche sur le développement argentique avec le « caffénol », entendez par là le développement d’un film noir et blanc avec du café… C’est ainsi que toute une histoire de réactions chimiques va commencer.
Personnellement, je n’avais jamais entendu parler, ni approfondi, le rôle des polyphénols dans les révélateurs, ayant pourtant travaillé de 1976 à 1981 comme photographe en France à l’usine ILFORD de Saint-Priest, usine de fabrication d’émulsions photographiques aujourd’hui disparue.
Alors, imaginez après avoir découvert cette information par internet, le retour plus de quarante ans en arrière. Cette mise en lumière de l’équipe de Williams Scott avec ses élèves, m’a donc donnée envie d’en savoir beaucoup plus sur les actions d’autres ingrédients comme des herbes aromatiques qui comme le café sont riches en polyphénols et susceptibles de jouer un rôle de développeurs .
Après quelques tests, rassurez-vous, je n’avais rien inventé, je me suis rendu compte assez vite que l’on pouvait donc développer une pellicule noir et blanc, pas seulement dans un révélateur photo classique mais aussi dans du café, du vin, du thé vert, de la bière, eux aussi riches en polyphénols… et je me suis donc intéressé cette fois, à tester des herbes aromatiques, que j’avais depuis longtemps sous les yeux, dans notre jardin: de la sauge, de la menthe poivrée, du thym et du romarin.
Et dire que depuis des années, ces herbes aromatiques étaient là à me tendre les bras!
L’histoire de la fabrication et de l’utilisation d’un révélateur alternatif pour developer un film noir et blanc va pour moi commencer ainsi.
Je tiens à remercier sincèrement le Docteur Williams Scott pour le contact que j’ai pu établir avec lui et pour ses précieux conseils. Il m’a fait le grand honneur de s’intéresser à mes petites recherches et m’a soutenu.
Jacques Revon
Journaliste honoraire, auteur, photographe.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Revon