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L’Oeil Argentique : Jacques Revon : Le reportage photographique en immersion au coeur de mon aventure alternative

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Photographies issues d’un reportage réalisé en intérieur et dont les pellicules de la même origine ont été développées dans différents révélateurs alternatifs écologiques.

Après avoir développé des pellicules noir et blanc dans différents ingrédients, photographies de natures mortes, de fleurs, de paysages divers… j’ai choisi cette fois d’aborder la photographie de reportage avec la présence de personnages dans mes images.

Ce type de prises de vues pratiquées par de nombreux photographes, s’imposait au sein de mes expériences avec une variété d’images la plus large possible. Réaliser ainsi des prises de vues dans des conditions plus ou moins faciles, avec, en toile de fond des impératifs techniques qui vont dépendre des sources de lumières et plus généralement de l’éclairage d’un lieu.

Pour effectuer cette approche particulière, j’ai demandé aux responsables de l’Orchestre de Dijon Bourgogne de pouvoir assister à des répétitions de l’orchestre composé pour la circonstance de soixante six musiciens. Ces musiciens, m’ont permis de photographier durant deux jours de suite, les répétitions d’un Opéra, la Tosca.

Ainsi, j’ai pu me mouvoir dans l’espace de leur répétition. Détail important, ce grand espace n’avait pas d’ouverture permettant une arrivée directe de la lumière sur les côtés je n’ai donc bénéficié pour ces prises de vues que d’un éclairage vertical en provenance du plafond, fourni par une sorte de puits de lumière.

De l’écoute à la prise de vues.

Côté technique proprement dit, j’ai réalisé mes photographies avec une émulsion argentique de format 35 mm de marque Foma 400 ISO.
Pour ces prises de vues en condition de reportage à l’intérieur, j’ai volontairement chargé de la pellicule dans trois boîtiers bien différents dans leur mode de fonctionnement et d’utilisation: un boîtier reflex Nikkormat, un boîtier Leica M2, et un boiter de la grande époque de l’argentique, un Kodak Retina IV qui avait appartenu à mon père, photographe professionnel.
Chaque boîtier était équipé d’une focale choisie différente: j’avais muni mon boîtier Nikkormat d’un 50 mm et de temps en temps d’une focale variable un 12/120, mon Leica M2 était équipé d’un 35mm enfin le Kodak Retina IV était opérationnel avec un grand angle, un 28 mm.
Ces trois boitiers me permettaient de photographier différemment, l’un avec une visée réflexe et les deux autres avec un viseur optique dont le réglage de la distance s’effectue avec un télémètre intégré. De quoi plus tard permettre de comparer sur un même sujet les résultats obtenus avec chacun.
À cause de l’arrivée de lumière en quantité moyenne, j’ai dû opéré à des vitesses dites lentes, de l’ordre du 30ème ou du 60ème de seconde, avec une ouverture de diaphragme qui variait selon les rapports de plans entre f 2,8 à f 5,6. Mon posemètre manuel de contrôle comme les cellules intégrées aux 3 boitiers, étaient programmés sur 400 ISO, tous m’indiquaient la nécessité de régler mes objectifs à de grandes ouvertures quand bien même les musiciens ne bougeaient pas vraiment, ils étaient statiques et très concentrés.

Mais tout de même, comment ne pas risquer à ces vitesses lentes de ne pas capter les bonnes expressions et en final, n’obtenir que des images pas vraiment nettes. La réalité était là, sans pouvoir diaphragmer au delà de f 5,6, impossible ici d’augmenter la profondeur de champs pour gagner en netteté. Je devais donc étudier mes choix et les moments pour opérer avant de décider de déclencher pour aussi économiser mes films.
Au cours de deux matinées et durant deux fois 3 heures passées avec les musiciens, j’ai d’abord pris le temps de les regarder, de les écouter jouer par petites séquences successives. Ces artistes musiciens étaient dirigés par Debora Waldman cheffe d’orchestre associée à l’Opéra de Dijon depuis 2022 et également à la tête depuis 2019, de l’Orchestre national d’Avignon-Provence, première femme en France à accéder un poste de cheffe d’orchestre.

Après un temps long d’observation de l’ensemble, j’ai commencé à choisir mes différents plans et cadrages de musiciens, j’ai déclenché le plus discrètement possible à des moments propices. L’obturateur de chacun de mes trois boitiers n’était pas sur le même diapason! Le Nikkormat se révélant le plus bruyant des trois avec lors du déclic, la remontée de son miroir, le Leica M2 était quant à lui le plus silencieux des trois, très utile en prise de vues rapprochées, enfin le Kodak Retina se présentait comme moyennement silencieux.
Il me fallait jouer au mieux ma partition d’observateur privilégié, sentir l’instant du déclic, tenir compte de mes déplacements lors des changements d’axes, comme de l’intensité de certains mouvements musicaux. Etre le plus discret possible aux yeux de tous…mais ce n’est jamais simple!

La révélation et le rendu argentique!

Il me fallait penser également au futur et au développement des pellicules exposées dans mes révélateurs alternatifs?…J’y viens.
Ma grande interrogation, c’était en permanence le rôle de la lumière et ses conséquences sur les résultats que déjà j’escomptais. Une pellicule d’une sensibilité de 400 ISO était-elle suffisante? Car augmenter la sensibilité, comment à ce stade, l’imaginer scientifiquement et réellement dans mes révélateurs alternatifs?
Avec un éclairage diffus et de moyenne importance provenant uniquement du plafond comme avec des diaphragmes nécessairement très ouverts, comment devrais-je plus tard adapter à mes pellicules et mixtures écologiques, la bonne température et un temps suffisant de développement dans chacun des révélateurs que j’allais utiliser pour cette « première !» révélateur au café, au vin d’un cépage hybride le Baco, puis au vin issu d’un cépage Pinot noir typique et emblématique de la Bourgogne, mais aussi au thé vert puis au thé noir, employés seuls ou mélangés ?
Aussi, en témoin nécessaire, des images d’un même film permettant la comparaison, développé dans une chimie traditionnelle, ici un révélateur HC 110 concentré de chez Kodak ?
De nombreuses questions auxquelles il me faudrait bien répondre une fois arrivé dans mon petit laboratoire.

Finalement, pour chaque révélateur alternatif fabriqué, je décidais de programmer les mêmes températures et temps de développement obtenus lors de mes multiples essais, tous indiqués d’ailleurs dans mes fiches / recettes précédemment publiées ici, dans l’Oeil de la Photographie.
Pourquoi aurais-je dû en décider autrement, sachant que scientifiquement je n’avais pas à ma disposition, d’outils nécessaires à de précis et savants calculs en sensitométrie.
Je souhaitais simplement retrouver dans ce reportage de bons rendus, identiques à ceux que j’obtenais lors de mes nombreux essais totalisés durant une année, et permettre ainsi au plus grand nombre ou à ceux qui, un jour, en auraient envie, de tenter l’expérience alternative.

Voici donc quelques images de différents moments captés pendant ce reportage en immersion.
Merci aux musiciens de l’Orchestre de Dijon Bourgogne qui m’ont permis d’avancer dans mes recherches.

https://www.orchestredijonbourgogne.fr

 

Jacques Revon
Journaliste honoraire, auteur, photographe.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Revon

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