Rechercher un article

Jacques Revon, La foire aux bovins à Saint-Christophe-en-Brionnais

Preview

Daix, jeudi 6 avril 2016.

Le premier document qui témoigne de l’existence d’une foire-marché aux bovins à Saint-Christophe-en-Brionnais en Saône et Loire, dans le sud de la Bourgogne, date de 1488, un acte signé par Charles VIII, lettres patentes scellées du grand sceau à perpétuité, conservé à la mairie de ce petit village de 508 habitants.

Jadis, trois dates étaient fixées pour cette foire: le premier mardi avant Pâques, en juillet pour la vigile de St Christophe, enfin le 6 octobre pour la St François. Des périodes précises qui correspondaient sans doute dit-on, à l’évolution des bovins.
Cette importante foire de Saint-Christophe accueillait plus de 500 vendeurs et acheteurs pour un marché dit « de gré à gré ».

On y retrouvait le jeudi dès trois heures du matin, des éleveurs, engraisseurs, emboucheurs (engraisseurs à l’herbe), maquignons, plus tard vers 6 heures les professionnels exportateurs dont des italiens, ensuite les chevillards, abatteurs spécialistes de la boucherie, beaucoup venaient de très loin en camion pour le transport d’animaux vivants. Cette foire était gérée par la commune, en régie municipale directe.
Depuis juin 2009, c’est une foire dite « au cadran », un marché de bovins par vente électronique, basé sur l’anonymat par lot ou multiple, dans un hémicycle avec ring, ce marché au cadran permet de connaitre le poids, la date de naissance et l’origine du bovin….les présentations sont animées et gérées le mercredi dès 7h, par une Société d’Economie Mixte et pour le marché gré à gré, dès 12h.

A cette époque de la fin des années 1970, cette très importante foire propose des bovins « gras » destinés à la boucherie particulièrement pour la région Rhône-Alpes et la région PACA mais aussi des jeunes bovins « maigres » destinés à être engraissés, avec pour destination l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et même la Russie pour les gros taureaux, une fois abattus.

Dans le marché dit « gras » on distingue des taureaux, des boeufs, des vaches et des génisses. Côté marché « maigres » on trouve des broutards de 6 à 12 mois, des taurillons de 12 à 24 mois, des laitonnes de 8 à 12 mois, des veaux et des génisses.
L’année 1979 fera partie des années records des ventes de bétail à Saint-Christophe avec plus de 100000 bêtes par an, l’année 1974 détient le record annuel avec 112000 bovins vendus.

Pendant un siècle, de 1875 à 1971, sur un mur qui borde le foirail (ici en photo), devenu monument historique, ont été versés pour les transactions et ce jusqu’à l’apparition des chèques bancaires, des milliards de centimes en liquide de la main à la main. Ce mur a d’ailleurs été baptisé par les christophiens et christophiennes : « le mur argent »!.

En 1979, on compte alors une cinquantaine d’éleveurs établis sur la commune de St-Christophe proche d’Oyé berceau de la race charolaise, ces professionnels se répartissent sur les 1240 hectares de prairies. Ce sont principalement de petites exploitations de 10 à 20 hectares, chacun fait paître son cheptel selon la catégorie de sa prairie, d’ordinaire une à deux têtes par hectare. En Brionnais, le sol argilo calcaire est réputé pour donner une herbe très riche, c’est la raison essentielle qui permet aux emboucheurs de Saint-Christophe d’engraisser correctement des bovins. Auparavant ils seront allés les acheter très jeunes dans des élevages des départements limitrophes ou voisins comme l’Allier, l’Ain, la Nièvre, le Cher, et même l’Indre.

Aujourd’hui en 2016, à Saint-Christophe-en-Brionnais, il ne reste plus que 6 gros exploitants sur la commune, ils font tout de A jusqu’à Z. Naisseurs, éleveurs, engraisseurs…et vendeurs.. Le plus gros des exploitants regroupe un millier de bovins, le plus petit 200 têtes, autre époque, autre dimension.
Pour pérenniser l’histoire de cette importante région de production bovine, les traditions sont quelque peu protégées, les outils et les coutumes vestimentaires sont encore là, quelques casquettes à damier, à l’époque c’était à la mode, les outils de travail comme le bâton en noisetier ou cerisier ou bien la canne, la blouse noire ou bleu marine et bien entendu les bottes pour se protéger.

En 1979 aussi, les Gardes du champs de foire assermentés veillaient, en particulier à la règlementation des horaires des transactions, ils faisaient respecter le « droit de place », gare à ceux qui n’avaient pas payé ce droit, leurs bovins étaient alors cadenassés au pied d’un piquet avec une chaine, et ce jusqu’au retour de leur propriétaire.

Depuis septembre 2010, la viande charolaise bénéficie de l’AOC « boeuf de Charolles » et depuis 1989, du label rouge « charolais terroir » et donc d’une totale traçabilité de cette viande.

Jacques Revon

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android