En grandissant sur un bateau qui naviguait au gré des rivières de la côte de la Caroline du Sud, je suis naturellement sensible à la beauté stupéfiante de cet endroit. Après deux ans à voler à plusieurs reprises au-dessus d’endroits inaccessibles où je me promenais quand j’étais enfant, les mots semblent banals pour décrire la singularité de cette région.
Mais rien n’est immuable. Les choses évoluent avec la volonté de Dieu et sont manipulées par la main de l’Homme. Les criques bordées de marais sinueux où j’ai appris à slalomer sont aujourd’hui peuplées de maisons et de docks. Les poissons des rivières où je me baignais sont intoxiqués par le mercure. Un condominium géant tombe sur l’Isle of Palms, les forêts côtières sont défrichées pour laisser place aux maisons et aux routes et partout, le trafic est un bazar innommable.
Pendant ce temps, alors que nous nous approchons des rives et que nous réclamons des plans d’assurance aux états pour les catastrophes naturelles, l’océan nous menace. Il est estimé que la ville de Charleston subisse trente jours par an d’inondation en 2020. En ce moment, 48 personnes par jour migrent vers notre région, congestionnant les nouvelles routes et les ponts aussi vite qu’ils peuvent être construits et en plaçant un fardeau énorme sur les infrastructures.
Est-ce juste la nature du progrès, que toutes les bonnes choses doivent être abattues ou recouvertes de goudron ? Ou y a-t-il des limites efficaces à la croissance qui permettra de préserver cette région à l’avenir ?
J. Henry Fair
Eyes On the Edge: J. Henry Fair Photographs the Carolina Coast
Jusqu’au 23 octobre 2016
Au Columbia Museum of Art
1515 Main St
Columbia, SC 29201
USA
https://www.columbiamuseum.org/
