Le titre de l’exposition définit le champ d’exploration de Civan Ozkanoglu : photographie et engagement personnel se répondent dans des compositions surprenantes, ludiques et touchantes. Sa présence est palpable dans les angles choisis, laissant deviner les contorsions nécessaires au photographe pour capturer une scene aux accents surréalistes. Il observe, jamais voyeur, jouant des symboles et s’amusant des situations.
Un rideau métallique mal tiré dessine une embrasure lumineuse de quelques centimetres dans la pénombre nocturne. Ozkanoglu se couche au niveau du trottoir pour photographier ce que cette bande verticale laisse apparaître : des sportifs en kimonos, tête en bas, s’entraînant au milieu d’un sol recouvert de tongs.
Une autre scene, tout aussi incongrue, se déroule également devant un rideau de fer. Il s’agit de 4 baignoires, installées sur un parking comme si elles étaient garées et attendaient leur propriétaire pour prendre la route. Le ciel qui pointe a l’angle de l’image est teinté du rose de l’entre-deux heures, celle ou l’on rêve en somnolant et ou la distinction se brouille entre réalité et imagination. Avec sa lumière chaude que la couleur des briques renforce, cette image évoque la célebre scène du voyage en lit de Pierre Etaix dans Le Grand Amour.
Elle fait sourire autant qu’elle émeut, comme celle d’un sapin de Noël étrangement suspendu au bout d’une corde, au-dessus de trois autres arbres décapités et négligemment abandonnés sur un sol pavé. Partout, dans ce théâtre sensible mis en scène par le photographe, la nature est un personnage au même titre que les hommes, voire plus. Elle se fait métaphore de la condition humaine, comme l’arbre accroché dans le vide sur le flan d’une falaise qui contraste avec le billard massif trônant dans une salle froide au bord de la mer.
Les lieux et les temps importent peu, ce qui compte est l’émotion, qui se dégage des motifs et des incidents présentés aux yeux curieux et avides du photographe. Tuyaux d’arrosage et autres cordes serpentent dans de nombreuses images, invitant à suivre leur tracé afin de retracer la route empruntée par le photographe au fil des jours.
In Person
Civan Ozkanoglu
Jusqu’au 26 avril 2014
Elipsis gallery
Hoca Tahsin Sokak, No:16, Karaköy, Karaköy
34425 Istanbul
Turquie