Cette année, le Prix HSBC pour la photographie fête ses 20 ans, chaque semaine nous vous proposons de revenir sur l’historique du Prix et de partir à la rencontre de ses lauréats. Nous vous donnons donc rendez-vous tous les mercredis pour découvrir les 40 épisodes de cette rétrospective. Cette semaine, nous ouvrons le bal avec les deux premiers lauréats primés en 1996 : Eric Prinvault et Henry Ray. Mais avant, nous avons souhaité interroger Christine Raoult, déléguée générale, sur l’histoire de ce Prix créé par Chantal Nedjib en 1995.
L’Œil de la Photographie : En 1996, le groupe CE lance un prix qui récompense deux photographes par an. Quel était l’objectif de ce prix et comment est-il perçu à sa naissance par les professionnels de la photographie ?
Christine Raoult : Il y vingt ans, lorsque le Prix HSBC pour la photographie a été créé, peu de mécènes étaient présents dans ce secteur, la photographie n’était pas considérée comme un art prépondérant.
L’entreprise est engagée dans l’univers de la photographie depuis vingt-huit ans. Nous cherchions un domaine d’expression en accord avec nos valeurs, un support contemporain, attractif et accessible. La photographie correspondait à nos attentes.
Nous avons initié notre démarche en donnant carte blanche à de grands photographes pour l’illustration de nos rapports annuels, regards décalés et inattendus pour une banque. Enfin pendant près de quatre ans, nous avons poursuivi notre action en développant un partenariat avec le Centre national de la photographie.
Souhaitant nous investir de manière plus forte et proactive dans le domaine de la photographie, et tout particulièrement dans l’accompagnement des jeunes talents, nous avons fait réaliser une étude pour identifier les soutiens que nous pouvions apporter aux jeunes photographes.
Après avoir interrogé les différents publics concernés (institutions, galeristes, artistes et autres professionnels), il est apparu que l’une des principales difficultés que rencontraient les photographes était de publier une monographie en raison de son coût et de la prise de risque qu’elle implique pour un éditeur. Le besoin était concret et réel ! De ce constat est né le Prix HSBC pour la Photographie.
Les premières années ont été relativement difficiles, mais avec un accueil favorable et positif de la part des professionnels de la photographie.
Dès la création du Prix HSBC, nous avons eu la chance d’être entourés de personnes engagées, acceptant de nous suivre dans cette aventure : Actes Sud, nos conseillers artistiques, les galeries et centres d’art… Ils ont ainsi permis au Prix HSBC d’exister, de perdurer, merci à eux tous.
Notre volonté d’accompagner deux jeunes talents chaque année, à travers la valorisation et la promotion de leurs œuvres dans le milieu professionnel et artistique, correspond à la prise de conscience que la réussite des jeunes générations est un vrai enjeu pour notre société contemporaine.
C’est donc avec cet acte d’engagement durable envers la photographie et le travail des photographes que nous espérons apporter une contribution au développement de cette expression artistique.
LODLP : Le prix a 20 ans cette année, il a récompensé 40 lauréats, associé 20 conseillers artistiques, tous avec des regards et des parcours très différents. Quel bilan tirez-vous de cette grande diversité ? Comment, au fil des années, l’avez-vous intégrée dans le processus de sélection ?
CR : La diversité des regards et des parcours est sans aucun doute la force et la richesse du Prix HSBC pour la photographie.
Depuis le début de notre action, nous avons eu la volonté de faire appel à un spécialiste différent chaque année, proposant des visions et des expériences variées, avec toujours la même exigence : découvrir le meilleur de toutes les tendances de la photographie contemporaine.
Chaque conseiller artistique a pour mission de faire émerger une dizaine de candidats, les plus représentatifs dans leur approche artistique, choix qu’il effectue en fonction de sa perception, ses expériences et sa sensibilité. Le conseiller propose cette sélection aux membres du comité exécutif, constitué pour moitié de collaborateurs de HSBC venant de différents horizons et pour l’autre moitié de personnalités du monde artistique et non uniquement du milieu de la photographie. Cette pluralité de regards, de connaissances y participe également.
Cette grande diversité s’est imposée à nous pour notre plus grand bonheur apportant un renouveau à chaque édition. Ce sont toujours des “rencontres” pleines d’échanges et de partage de nouvelles expériences. Car, rappelons-le, la particularité de ce Prix repose sur le fait que c’est un réel travail d’accompagnement humain et artistique des lauréats pendant une année et non uniquement un soutien financier.
LODLP : Les premières années, le prix récompensait des auteurs en devenir mais avec déjà un parcours conséquent. Depuis quelques années, on assiste à un “rajeunissement” des lauréats, certains ont à peine quelques années de pratique après leur diplôme. Est-ce une volonté de HSBC de s’engager et de soutenir la jeune photographie émergente ?
CR : Depuis la création du Prix HSBC pour la photographie en 1995, notre volonté a toujours été d’accompagner et de promouvoir la jeune photographie émergente.
Nous avons eu beaucoup de lauréats peu connus et dont la carrière venait juste de débuter : Carole Féketé, Catherine Gfeller, Eric Baudelaire, Milomir Kovacevick, Patrick Taberna…
Cette mission n’a donc pas changé, mais le profil des candidats a, lui, quelque peu évolué, s’est modifié depuis une dizaine d’années. Ils appréhendent différemment leur vie de photographe : l’apprentissage du métier a évolué, les nouvelles technologies, mais aussi la façon de mener leur carrière, ils n’hésitent pas à postuler pour des bourses, des prix et ainsi obtenir de l’aide auprès des institutions pour poursuivre leur travail.
C’est devenu un élément incontournable pour la reconnaissance d’un artiste.
LODLP : Vous avez annoncé récemment un accompagnement à l’international et un soutien sur le long terme pour offrir plus de visibilité aux lauréats. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
CR : Cette année, le Prix HSBC pour la photographie a 20 ans ! Nous avons beaucoup réfléchi à la manière la plus adaptée de célébrer cet anniversaire et de remercier tous ceux qui nous épaulent depuis si longtemps dans cette belle aventure.
Il nous a semblé évident que la meilleure façon de fêter ce 20e anniversaire était de renforcer notre engagement vis-à-vis des jeunes talents !
2015 marquera donc le lancement d’un accompagnement plus soutenu avec trois nouveautés :
– L’ouverture à l’international : l’exposition des œuvres des lauréats hors de nos frontières nous semblait, en effet, indispensable pour la reconnaissance de leur travail et l’évolution de leur carrière ;
– La création d’une 5e étape dans l’itinérance : la multiplicité des lieux d’accueil offre aux lauréats l’occasion de rencontrer des publics divers et variés et d’avoir une visibilité plus forte ;
– L’aide à la production de nouvelles images durant l’année : cette dernière action est le fruit d’une réflexion commune avec les anciens lauréats. L’année d’accompagnement était si riche et intense que bien souvent, ils produisent peu et se retrouvent un peu démunis au bout de ces dix-huit mois… Ces nouvelles œuvres seront présentées lors de la dernière étape de l’itinérance, apportant ainsi un nouvel élan à leur carrière.
En résumé, nos actions sont plus larges et plus soutenues :
– Publication de la première monographie de chaque artiste avec Actes Sud, dans la “Collection du Prix HSBC pour la Photographie”.
– Organisation de l’exposition itinérante de leurs œuvres dans cinq lieux culturels en France et à l’étranger.
– Aide à la production de nouvelles images, présentées lors de la 5e étape de l’itinérance.
– Acquisition par HSBC France de six œuvres minimum par lauréat pour son fonds photographique.
Maia Flore et Guillaume Martial, lauréats 2015, seront les premiers à bénéficier de ces nouveautés.
