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In Memoriam : Ronan Guillou (1968-2022)

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A la suite du décès du photographe français Ronan Guillou (19/10/1968-16/10/2022) emporté par un cancer foudroyant le 16 octobre 2022 à Nice, quelques jours avant ses 54 ans, un hommage lui sera rendu à Paris le 8 novembre 2022. A cette triste occasion, quelques amis, collaborateurs et soutiens au cœur de la vie professionnelle de Ronan prendront la parole pour rendre hommage à la personne et à sa carrière. Suivra la projection d’une sélection d’images réalisées par Ronan Guillou au cours de sa carrière.

Né en 1968 à Bouar (République Centrafricaine) d’une famille d’origine bretonne, Ronan a toujours vécu et travaillé à Paris. Il passait le plus de temps possible près de la mer, à Roscoff notamment, où il adorait faire de la voile avec ses amis d’enfance. Vendeur à la FNAC à Cergy, au tout début de sa carrière, ensuite assistant de photographe, Ronan Guillou rencontre son premier mentor en la personne du photographe australien Patric Shaw. En 1997, il commence à travailler comme photographe professionnel indépendant, représenté dès ses débuts par Corinna Schack/PHOM. Au début des années 2000 et en parallèle de ses travaux de commande, Ronan entreprend ses premières investigations photographiques personnelles, au cœur des espaces urbains américains. Depuis, les États-Unis sont devenus son principal sujet d’exploration. Pendant 20 ans il y voyage pendant plusieurs semaines par an en périples solitaires. L’ensemble des sujets réalisés aux États-Unis compose sa grande fresque American narratives.

Travaillant exclusivement au moyen format, avec son Hasselblad, Ronan disait pratiquer une «photographie d’expériences» : expériences avec des humains, des territoires, l’inconnu, les couleurs et les formes. Cette formule lui a permis de décloisonner les genres et de légitimer une écriture libre et digressive. Alliant la description sociale, l’exploration des marges et le dialogue avec le genre de la photographie américaine, Ronan Guillou s’inspirait aussi du mouvement New Topographics. Auteur des livres Angel (2011, préfacé par Wim Wenders, Éditions Transphotographic Press) et Country Limit (2015, textes de Michel Poivert & Bill Kouwenhoven/Editions Kehrer), Ronan a effectué ces dernières années des voyages en Alaska et Hawaii, les seuls états non limitrophes des États-Unis très peu sinon pas traités par les photographes de ce territoire, séries qui devaient faire l’objet de futures publications.

L’œuvre de Ronan Guillou a fait l’objet d’expositions personnelles dans des galeries à Paris, New York, Arles et en Suisse, et elle a été présentée sur des foires à Bruxelles, Los Angeles et Amsterdam, ainsi que par des festivals de photographie comme le festival ImagesSingulières (Sète), le Festival du Regard (Cergy), les Rencontres d’Arles, l’Homme et la Mer (Le Guilvinec), Portrait(s) (Vichy), les Photaumnales (Beauvais). Des œuvres de Ronan Guillou font partie des collections de la Bibliothèque Nationale de France et de la Fondation Neuflize.

Le CNAP a récemment soutenu la proposition de Ronan pour l’étude de l’état du désert aux frontières de la ville de Las Vegas et une nouvelle série sur la ville de Glasgow/Montana, désignée par le Washington Post comme «The Middle of Nowhere virtuel de l’Amérique», ne verra pas le jour. Tout comme le livre avec la carte blanche sur la ville de Sète prévue en résidence à ImagesSingulières. Ronan réfléchissait également à un deuxième grand chapitre de sa carrière, dédié à la mer Méditerranée.

Actuellement la série Country Limit est exposée au festival Photaumnales à Beauvais, curaté par Emmanuelle Halkin et la série Carmen Street, une carte blanche proposée sur l’invitation de la commissaire Sylvie Hugues, au Festival du Regard, avec le soutien de l’agglomération de Cergy Pontoise.

Ronan Guillou a été brutalement arraché à de nombreux projets en cours et une belle actualité artistique qui sont le fruit des décennies de persistance, de conviction et de rigueur de sa part. Avec ses très nombreux amis, collaborateurs et soutiens, nous tenons à transmettre nos condoléances et notre amitié à la famille de Ronan, ainsi qu’à sa compagne Nathalie qui s’est battue courageusement avec lui contre la maladie, entourés tous deux de la belle tribu soudée de Roscoff, sa deuxième famille.

Corinna Schack, Sylvie Hugues, Miranda Salt

 

Depuis «Angel» jusqu’à «The Last Frontier» consacré à Alaska, en passant par «Country Limit», Ronan Guillou tisse une maille visuelle qui renouvelle avec profondeur et sensibilité la question des marges et de l’entre-lieux sur le territoire américain. Nimbées de renvois à l’histoire de la photographie américaine, ses images convoquent un regard mélancolique qui cherche dans le passé la voie critique du présent et la possibilité d’un avenir. Son travail n’a cessé de déjouer les clichés liés à un territoire, l’exotisme d’un ailleurs, et transcendent leur sujet.

Heloise Conesa
Conservatrice en charge de la Photographie Contemporaine
Bibliothèque Nationale de France

 

Certains photographes, comme Ronan Guillou, ont trouvé dans le voyage photographique la possibilité d’exister eux-mêmes comme un autre : devenir un personnage de fiction, une manière de visiteur, ce qui permet de construire un monde au contact de la réalité.   Guillou est ainsi aimanté par les États-Unis, qui constituent en photographie comme dans le cinéma et la musique un repère phare pour nombre d’artistes français.   Au gré de ses pérégrinations Ronan Guillou défie à sa manière une photographie américaine qu’il a choisie comme partenaire. (extrait de 50 ans de la photographie française, (Textuel, 2021).

Michel Poivert
Historien de la photographie et commissaire d’exposition
Auteur de la préface du livre «Country Limit» de Ronan Guillou (Kehrer, 2015)

 

Les photographies du livre que vous tenez entre vos mains sont une bien meilleure définition de ce que je tente d’expliquer au prix d’efforts verbaux et de tournures maladroites. Ronan Guillou fait partie des quelques photographes que je connaisse qui ont l’œil (et l’oreille de l’âme) prêt à saisir ces instants éphémères. Ce qui m’enchante dans les photographies du livre de Ronan Guillou, c’est que toutes ces images sont trouvées.
Cependant, on ne trouve pas comme ça, d’un seul trait, sous le coup de la chance. D’abord il faut chercher. Et il faut savoir où chercher. Savoir quand voir ce que l’on cherchait. Ronan trouvait (et regardait) en Amérique, c’est en cela que sa précieuse collection d’offrandes a d’autant plus de signification pour moi. Les Etats-Unis sont un territoire difficile pour les photographes une aire abondante de « déjà-vus ».
Je parle en connaissance de cause, pour avoir moi-même été exposé trop de fois à ces dangers. Ronan a échappé à la plupart de ces pièges.
Les Américains qui le regardent dans ces photographies apparaissent dans la brèche pour que l’ange de la photographie puisse leur distiller la lumière…
Je remercie l’ange d’être passé. Et je remercie Ronan de l’avoir aperçu, et dans un murmure, de nous l’avoir annoncé…

Wim Wenders
Réalisateur du cinéma Extrait de son préface au livre ‘Angel’ de Ronan Guillou (TransPhotographique Press, 2011)

 

Hommage à Ronan Guillou ( 1968- 2022)
mardi 8 novembre 2022 à 12h00
Cinéma Le Grand Action
5, rue des Écoles
75005 Paris

Prises de paroles en hommage à l’artiste suivies d’une projection de films et de photographies de Ronan Guillou.

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