C’était l’été 1983. J’habitais « La Louisiane », mon hôtel à Paris, chambre 65, lorsque je me suis interrogé sur la nature de ma relation à la photographie, sans être immédiatement conscient de ce que j’allais faire.
Mon intention était de réaliser une série de nus féminins sous une forme qui capturerait la totalité de mon expérience et en même temps la viderait entièrement.
J’eus la chance de trouver des modèles intéressantes auxquelles je donnais un minimum d’indications.
Toutes les photographies furent réalisées dans ma chambre « La Louisiane », dans laquelle il y avait seulement un lit.
A cette époque, mon appareil photo, un Rolleiflex à deux objectifs était devenu une partie de moi-même. Je vivais avec jusqu’à ce qu’il devienne mon essence même, une seconde nature en quelque sorte sans même y penser.
Je le plaçais à une distance définie de mon modèle de telle sorte de ne pas avoir à faire le point.
Je choisis de compter de 1 à 10 et ensuite d’appuyer sur le déclencheur sans prendre aucune autre décision, laissant le Rolleiflex capturer l’image qui arriverait à cet instant précis.
Ce fut le seul geste.
C’est de la sorte que je pris plusieurs rouleaux de film, spontanément en sacrifiant ma propre décision de choisir à quel moment prendre la photographie.
Je voulais me tenir en retrait.
Je voulais m’extraire du processus de prendre consciemment des photographies.
C’est seulement une fois les photographies terminées que je commençais à écrire sur ces images. Cette pensée jaillit de moi.
Le photographe : un archer zen.
Laurence Sackman
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