De l’importance du rythme, 4 questions à Xavier Barral, directeur des Éditions Xavier Barral
Sébastien Hau : Le livre Images à Charge – La construction de la preuve par l’image apparaît comme un équilibre subtil entre une somme « scientifique » et la qualité d’objet d’un livre d’artiste. Comment parvient-on à ce dosage complexe?
Xavier Barral : Avec du temps. Il s’agit de trouver une relation, un équilibre entre texte et image, puis de trouver ensuite une bonne alchimie avec le format, le papier, l’encre qui les mettent en valeur. C’est ce que je recherche dans tous mes livres. Proposer un ouvrage servant au mieux le fonds ou l’œuvre originale tout en apportant l’éclairage des connaissances actuelles. La matière de l’image dans le livre apporte beaucoup à la compréhension de celle-ci. Par exemple, dans l’ouvrage de Martin Gusinde, L’esprit des hommes de la Terre de Feu (2015), le fonds est homogène et j’ai recherché une matière photo du début du siècle. Pour Evolution (2007), la puissance des fonds noirs augmente la lecture des squelettes photographiés. Pour Mars, une exploration photographique (2013), la précision des observations du paysage est rendue en partie par la dureté du papier. Avec Images à Charge, j’ai fait plusieurs tests sur différents papiers jusqu’à obtenir ce qu’il me paraissait juste pour chaque fonds photographique.
SH : La qualité d’impression du livre est étonnante. Pourtant vous avez du partir de sources très disparates et parfois de documents historiques de faible qualité
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XB : C’est le rôle de l’éditeur de jongler avec des sources de différentes qualités et d’obtenir le meilleur rendu possible, qu’il soit cohérent. Ce travail est le fruit de nombreux échanges avec mes collaboratrices mais aussi avec le photograveur, et même parfois jusqu’au fabricant d’encre… Je travaille avec ces personnes depuis longtemps et nous avons développé une relation de confiance.
SH : Les textes du livre ont fait l’objet d’une attention particulière avec 13 textes inédits d’experts forensiques dont Jennifer L. Mnookin sur l’image comme preuve dans les tribunaux américains quasiment dès l’invention de la photographie et Eyal Weizman sur les pratiques forensiques contemporaines. Pour autant, l’image reste prédominante….
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XB : Comme dans un film ou dans la musique, c’est le rythme. Le rythme est essentiel. Le texte comme l’image s’articulent et créent ce rythme.
SH : Les éditions et LE BAL collaborent depuis la création du BAL en co-éditant ensemble des ouvrages (Mark Cohen, Antoine d’Agata, Dirk Braeckman…) qui sont à la fois un prolongement des expositions au BAL et un autre éclairage sur le travail des artistes. LE BAL va fêter ces 5 ans en septembre. Quel regard portez-vous sur cette collaboration?
XB : Notre collaboration avec Diane Dufour a démarré bien avant LE BAL. Nous surprendre fait toujours partie du jeu et je l’espère transparaît dans nos projets.
EXPOSITION
Images à charge, la construction de la preuve par l’image
Du 4 juin au 30 août 2015
Le BAL
6, impasse de la Défense
75018 Paris
France
http://www.le-bal.fr
La production de l’exposition est réalisée par le laboratoire Picto.
LIVRE
Images à charge, la construction de la preuve par l’image
co-édité par les Éditions Xavier Barral et Le BAL
Relié, 22 x 28,5 cm
240 pages
280 photographies N&B
45€
http://exb.fr