Chaque année, l’association Cétavoir donne carte blanche à un photographe différent pour dresser un portrait de la ville. En 2013, ce devait être Gabriele Basilico. Il dut renoncer en raison de la maladie mais, quelques semaines encore avant son décès, il faisait part de sa volonté de venir photographier la ville pour l’édition 2014. Cela n’a pas été possible et c’est tout naturellement, sans réfléchir, juste par nécessité, que nous avons décidé de lui consacrer une des trois soirées de projection du festival. Et ce sera la première fois que nous consacrons entièrement une soirée à un auteur.
Il s’agit évidemment d’un hommage mais nous voudrions avant tout qu’il signifie une présence. Cela se manifestera par des extraits de textes, certains inédits, dans lesquels il exprime son enracinement dans sa ville de Milan – à laquelle nous consacrerons une longue séquence, des « Portraits d’Usine » fondateurs aux images plus récentes – autant que ses conceptions de la photographie.
La structure de la soirée reprend l’envie, l’idée, la justesse du grand projet d’exposition que Gabriele Basilico avait en tête. Non une exposition d’architecture mais, sans respecter ni la chronologie ni la géographie, une exploration de l’idée même de Ville, cette Citta qui lui tenait tant à cœur, qu’il aimait explorer, mettre en forme, comprendre. Ces espaces dont il disait toujours qu’il ne fallait pas se limiter à voir leur laideur, fréquente aujourd’hui, mais qu’il était indispensable d’en lire les aberrations, de dépasser la surface, d’aborder les questions de structure. Des première images italiennes aux couleurs de Shanghai, Istanbul ou Rio de Janeiro, en passant par Moscou, Paris, Madrid, Barcelone et, tout naturellement Beyrouth, c’est dans une réflexion sur la ville aujourd’hui que nous suivrons Gabriele Basilico.
Christian Caujolle
