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Ilona Szwarc : I am Woman and I Feast On Memory

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La chair et l’identité se transforment paradoxalement, ou pas.

Le souvenir qu’est la photographie évacue le moment de sa prise. Les photos ne montrent pas des instants : elles sont la conscience de certaines pensées et un abrégé de composition. Ilona Szwarc calme le tourbillon de son esprit en ayant recours à la ruse de l’identité cachée. Elle devient une tentative d’être et de genre. Le régal qu’elle offre s’avère une exploration du corps et de notre façon de redessiner ces concepts de chair. Ses images, conceptuelles et curieuses dans leur assurance exaltante, appellent le regard. Szwarc n’est pas idiote – elle est incroyablement intelligente – : elle fait ce cadeau à ses photos.

Certains centres d’intérêts sont – toutefois – exprimés. Szwarc a montré « I am a Woman and I Feast On Memory » (« Je suis une femme et je me régale du souvenir ») à un bon nombre de spectateurs intimes. Cette authenticité est quasi abstraite, mais pas complètement impersonnelle. La comparaison désinvolte avec Cindy Sherman n’est rien d’autre que cela : désinvolte. L’imaginaire de l’œuvre de Szwarc rappelle sans nul doute certaines conversations photographiques, mais elle fait surtout avancer le contexte contemporain. Sur les photos, nous voyons une femme transformée par le maquillage et des gestes de main d’une autre personne. Les mains qui appliquent le maquillage sont en fait celles de Szwarc elle-même. Le sujet est une femme précisément choisie pour lui ressembler, d’allure comme de corps.

Nous sommes loin d’avoir affaire à un miroir, mais il s’agit tout de même d’une sorte de reflet appliqué. En regardant les photos de ces constructions réfléchies, on se dit : « Je me vois en train de me voir. Je ne suis pas ce que je m’imagine être. » Ce qui est frappant, c’est la façon dont Szwarc défie à la fois les concepts de portrait et d’autoportrait. C’est une trahison honnête, enveloppée de nombreuses couches. Comment sommes-nous liés les uns aux autres ? Comment devenons nous nous-mêmes ? En se tournant vers elle-même, elle accomplit et met en scène une transformation des détails de la déconstruction et de la typologie de la reconstruction. Ces images font un mauvaise usage, étrange et inhabituel, de la féminité, comme un stratagème pour redéfinir et reconquérir la culture féminine.

Szwarc a créé pour « I am Woman and I Feast On Memory » une plateforme au traitement magnifique. Un ensemble de trois albums de l’artiste en édition limitée accompagne le spectateur dans le récit de Szwarc. Ces ouvrages matérialisent l’interaction entre les personnages, la touche picturale et la photographie. La façon dont Szwarc s’amuse avec l’imagerie crée une confusion entre les attentes et le féminisme. Au fil des livres, on assiste à la dissection de l’identité, qui entraîne une suppression de la quête,  jusqu’à la disparition identitaire totale. Que signifie être une personne si l’on n’est pas totalement contradictoire dans sa simplicité ? Le corps devient nouveau dans son aptitude abstraite à ne pas être ce qu’il était.

http://www.ilonaszwarc.com

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