Je viens d’apprendre la terrible nouvelle du décés de Jean François Bauret par Joel Brard et je suis bouleversé.
J’avais proposé il y a peu de faire un livre sur lui avec son frère Gabriel et j’aurai tant voulu passer encore quelques instants avec lui.
Jean François était un mec, un vrai que j’adorais, un solitaire, un subversif, passionné par son travail mais aussi quelqu’un qui aimait entraîner les autres dans ses projets.
Avec lui, pas de compromis, la photo comme un cri, une offrande et un don. Ses nus était une façon de percer les mystères de l’âme humaine mais aussi le prétexte à une séance de prise de vue qui tenait un peu du happening dans un décor sobre, la plupart du temps un fond gris. Les filles qui posaient pour lui en plus d’être être belles, encore plus belles à travers son regard, étaient des écorchées vives, des artistes, des personnes débordant d’amour.
En 1974, il m’avait proposé de le rejoindre ainsi que quelques autres photographes comme Jean Paul Merzagora pour une projection nocturne au Centre américain, là où aujourd’hui se trouve la Fondation Cartier et où dansaient les jolies étudiantes américaines, une projection qui ressembla à un happening tant les images étaient dingues, psychédéliques, sexuelles, décalées. J’arrivais juste de Toulouse avec quelques diapos couleurs de filles déshabillées dans la fumée…. Un peu plus tard il m’a fait poser dans son livre « Hommes nus connus ou inconnus » avant que je décide de publier son livre « Portraits Nus » à Contrejour avec Gabriel.
Sa boutique était pour moi un antre magique, je m’en souviens comme si c’était hier. Pinailleur, précis, en soif d’absolu, il compte dans la photographie française même s’il avait un peu trop tendance à se faire oublier mais les temps modernes devaient être durs pour lui et il devait souffrir des curaillons qui ont envahis le monde de la photographie en France et n’ont souvent rien à faire avec les vrais artistes, comme lui.
Claude Nori