En présentant les œuvres de ces deux grands photographes du début du 20ème siècle, la Galerie Miranda (Paris) et la galerie Michael Hoppen (Londres) rendent hommage à la beauté de la nature, thème au cœur des questionnements d’aujourd’hui.
Charles Jones (1866-1959, Angleterre) était un jardinier anglais qui cultivait des fruits, des légumes et des fleurs de jardin dans un grand domaine privé dans le Lincolnshire. Jones était également, secrètement, un photographe passionné et un imprimeur doué qui tout au long de sa vie a documenté son travail. Ses tirages n’ont été découverts qu’en 1981 par Sean Sexton, historien d’art et collectionneur de photographies, qui, lors d’une brocante londonienne, a acheté une malle remplie de ses tirages uniques. Jones photographiait ses sujets sur un fond très neutre, les élevant au rang du portrait en anticipation d’un style épuré, documentaire et rigoureux qui sera adopté une trentaine d’années plus tard par les modernistes – Edwards Weston, August Kotzsch, Joseph Sudek – et ensuite par Bernd et Hilla Becher. Doté d’un sens inné de la composition, Charles Jones imprimait à partir des négatifs en plaque de verre, tirant des photographies argentiques virés à l’or; ses fruits et légumes luisent doucement, comme s’ils portaient encore la chaleur du soleil sur leur peau.
La Galerie Miranda exposera une sélection de tirages d’époque uniques datant de la fin du 19ème siècle. Des légumes seront à l’honneur : petits pois, céleri, courges, betteraves, concombres…
Karl Blossfeldt (1865-1932, Allemagne) a fait des études en sculpture avant de travailler dans une fonderie où les feuilles l’inspirait déjà pour décorer ses productions. Inscrit à l’école d’art à Berlin, il a entrepris, de 1890 à 1896, une étude des plantes communes locales, destinée à servir de référence de l’ornementation, mais le projet a surtout révélé son talent et sa passion pour la photographie. D’une grande modernité, les photographies de Karl Blossfeldt interpellent aujourd’hui comme en son temps, au moment de leur publication dans ses deux livres majeurs: Urformen der Kunst (‘Des formes originelles de l’art’) 1929 and Wundergarten der Natur (‘Le jardin enchanté de la nature’), 1932. C’est sans doute la maitrise technique qu’il a développée, née de son invention d’un appareil macrophotographique qui rend si exquis le travail de Blossfeldt : les gros plans révèlent les formes et les symétries insoupçonnées des plantes. Blossfeldt concevait son travail comme un outil pédagogique et une source d’inspiration pour des artistes, sculpteurs et architectes. L’étude des formes naturelles lui paraissait indispensable pour l’avenir de l’art contemporain. Galerie Miranda présentera des photogravures première édition des plantes et des fleurs.
Histoires Naturelles : Charles Jones / Karl Blossfeldt
du 3 septembre au 26 octobre 2019
Galerie Miranda
21 rue du Château d’Eau
75010 Paris