Henry Leutwyler est connu pour ses portraits de célébrités. Il a photographié Michelle Obama, Julia Roberts, Tom Wolfe, Iggy Pop, Rihanna, Steven Spielberg et Martin Scorsese pour n’en nommer que quelques-uns. Depuis des années, on lui demande de publier un livre de portraits. Il est finalement arrivé et s’appelle Document. Publié ce mois-ci par Steidl, c’est son troisième livre après Neverland Lost : A Portrait of Michael Jackson (Steidl, 2010) et Ballet : Photographs of the New York City Ballet (Steidl, 2012). Encore une fois, avec Document, Leutwyler évite l’évidente et attendue collection de portraits, en mettant sa touche personnelle au genre.
Henry Leutwyler a déclaré : «Les gens qui m’intéressaient vraiment sont morts avant que je puisse les photographier. Donc j’ai pensé faire une liste de mes héros et quelques vilains et de rechercher ce qu’ils possédaient.»
Document est le résultat de douze années de rêve, de recherche, de chasse aux objets, telles que les sandales du mahatma Gandhi, les lunettes de John Lennon (et le revolver qui l’a abattu), le pinceau de Warhol, la chaussure de Muhammad Ali, le portefeuille de James Dean, le fauteuil de réalisateur Antonioni, la machine à écrire d’Audrey Hepburn et la liste s’allonge… jusqu’a 124 photographies. Lors d’une conversation dans son studio new-yorkais, Leutwyler parle avec passion de ceux qui l’ont inspiré : « L’aspect noir et criminel du travail de Weegee, Robert Capa quand il dit « Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près », Walker Evans quand il photographiait Les Beautés de l’Outil Commun pour Fortune magazine et l’évidence, la beauté et l’intelligence de la photographie de Mr Penn. »
Le livre de Leutwyler parle d’anthropologie, d’archéologie moderne et définitivement de photographie. Ces objets quotidiens sont photographiés de près sans artifices. Et pourtant, une ombre ou son absence, un fond blanc ou pas, on peut « voir » Elvis Presley derrière ses lunettes, Jack Ruby tenir le revolver qui tua Lee Harvey Oswald ou Richard Avedon porter son chapeau au travail sur In The American West. Ce sont des natures mortes avec de la vie, des preuves de vies de création, d’art, de sport, de science et parfois de crime (le rejet est aussi présent, jetez un œil à l’épilogue du livre). Henry nous dit : « Ce livre est un livre de portraits, portraits de choses, de choses qui parlent… qui n’ont pas besoin d’attaché de presse, de coiffure ou de maquillage et quasiment pas de Photoshop… »
Leutwyler nous emmène en voyage au travers de la culture populaire et même si les sujets sont absents des images, c’est bien son livre de portraits crus, honnêtes et tendres et parfois tragiques.
L’exposition Document à la galerie Foley de New York suit la publication du livre. La totalité du montant des ventes de l’image « The Charter Arms .38 caliber revolver used to shoot and kill John Lennon» sera reversé directement à l’organisation caritative Everytown For Gun Safety, qui a pour mission d’informer sur la violence des armes à feu et comment la réduire.
Gilles Decamps
Alors que nous préparions la publication de cet article, nous apprenos que Leutwyler aura sa premiere exposition personnelle dans un musée du 17 juin au 15 octobre 2017 au musée des Beaux-Arts, Le Locle, Suisse. Avis amical aux collectionneurs, c’est le moment de se pencher sur le travail de ce photographe.
Henry Leutwyler, Document
Du 3 novembre 2016 au 8 janvier 2017
Foley Gallery
59 Orchard Street
New York, NY 10002
Etats-Unis
Livre publié par Steidl
65 euros