Après une rétrospective acclamée par la critique au FOMU (Fotomuseum) à Anvers, Harry Gruyaert (Belgique, 1941) revient sur ses traces pour son deuxième spectacle solo à la Gallery FIFTY ONE à Anvers. Roots englobe les deux espaces d’exposition, avec une présentation d’images en couleurs dans FIFTY ONE et un travail en noir et blanc dans FIFTY ONE TOO.
Roots tire son origine de la relation compliquée de Gruyaert avec la Belgique. Déjà en 1962, Gruyaert quittait son pays natal pour sa nouvelle résidence, Paris. Il désirait être libéré de l’environnement catholique et strict dans lequel il avait grandi et s’est efforcé de découvrir de nouveaux horizons culturels. Au début des années 70, après avoir vécu plusieurs années à l’étranger et voyagé dans le monde entier, Gruyaert avait acquis suffisamment de distance pour considérer la Belgique comme un étranger,l’ oeil frais À sa grande surprise, ce qu’il a vu était un endroit visuellement intéressant, vers lequel il a commencé à voyager régulièrement pour photographier.
Gruyaert souligne souvent qu’il n’est pas un photojournaliste. Son approche du médium est strictement formelle et picturale. Il est constamment à l’affût du moment où, la couleur, la forme, la lumière et le mouvement se rencontrent accidentellement pour créer la tempête parfaite devant son objectif.
Durant le shooting des images pour Roots, il souhaitait éviter les pièges sentimentaux ou documentaires. Néanmoins, cette série capture parfaitement le Zeitgeist belge des années 1970 et 1980. En regardant ces fêtes de village, défilés de carnaval et processions, les spectateurs d’aujourd’hui peuvent être remplis de sentiments mélancoliques. La Belgique, caractérisée par un manque de véritable sentiment national, a été dépeinte par Gruyaert dans toute sa diversité: des vues de campagne silencieuses et des rituels catholiques, des dévotions de ses habitants lors de fêtes sauvages et de soirées alcoolisées au café jusqu’à l’aube. Le surréalisme belge n’est jamais très loin dans ces images humoristiques qui montrent l’habileté de Gruyaert à capturer parfaitement l’atmosphère spécifique d’un espace et d’un temps donnés.
Au cours des dix années (1970-1980) au cours desquelles les photographies de cette série ont été prises, les sentiments de Gruyaert vis-à-vis de son pays d’origine et la manière dont il l’a approché ont changé. A cette époque, il photographiait déjà presque exclusivement en couleur, lors de ses voyages au Maroc et en Inde. Malgré tout, au début, il ne pouvait que découvrir la Belgique dans des tons de gris. Après quelques années à redécouvrir son pays à travers son objectif et profondément influencé par le Pop Art et philosophie pour voir la beauté dans la banalité de la vie quotidienne, la couleur a finalement trouvé sa place dans ses impressions belges. Dans les images couleur de Gruyaert, les gens sont consciemment placés sur le même plan que les autres éléments visuels. Toutes les choses deviennent des parties égales de cet univers de lumière, de forme, de mouvement et de couleur. En revanche, dans les images en noir et blanc, il y a moins de distraction, ce qui permet aux sujets humains d’être plus présents. Cette exposition est l’occasion de découvrir également cette facette moins connue de l’œuvre de Gruyaert.
Harry Gruyaert – Roots
11 Septembre – 3 Novembre 2018
Gallery FIFTY ONE
Zirkstraat 20 – Antwerp
Gallery FIFTY ONE TOO
Hofstraat 2 – Antwerp
