Ce magicien nous fait dialoguer en permanence, avec ses œuvres, lors de chacune de nos confrontations. Après des années et des années à traverser la planète, dans tous les sens, Hans ne prend pas parti, il constate ; puis, il nous rapporte ses constats. Il nous met en face des réalités. La réalité expose toujours un ensemble complexe et cohérent qui évolue dans le temps. Ce tout indissociable est cette merveilleuse évolution technologique neutralisée par la stupidité, par la cupidité et par l’égoïsme des comportements humains et sociétaux actuels.
Hans Silvester est tout sauf un photographe qui s’adapte ou qui s’incline devant les modes passagères. Les mouvements sporadiques et éphémères relayer jusqu’à l’abrutissement par les media ne sont pas sa tasse de thé. Pour lui, la photographie n’est pas uniquement une information fugace. Ses images sont pensées et construites pour faire perdurer un instant dont la forme figera une date ; mais, dont le fond s’ancrera au plus profond de nos mémoires. A y regarder de plus près, ses compositions tirées au cordeau, la présence de la lumière comme sujets à part entière de l’image rendent le message lisible par tous. Tant les contemporains de la prise de vue appréciaient leur vie fixée pour après. Les générations futures nées sous d’autres cieux avec d’autres principes éducatifs s’interrogent également. L’auteur, si proche de la Nature et de son respect, apporte sa créativité pour des œuvres accessibles à tous, sans érosion temporelle. Un demi siècle après leur fixation sur une pellicule et alors que ses sujets photographiés ont disparu, tous les témoignages d’Hans Silvester nous incitent – comme au premier jour – à réfléchir, à nous émouvoir, à nous remettre en question.
Tous ces petits riens qui nous paraissaient tellement anodins en leur temps (pour ceux qui les ont vécus) et que les comportements actuels entourent, sans complexe, dans des nimbes médiévaux. Toutes ces vues de leurs aïeux qu’ils n’ont pas connus devraient interpeller ces nouvelles générations. Comment pouvait-on survivre sans réseaux sociaux et leurs multitudes réconfortantes d’amis ? Comment pouvait-on récolter sans produits phyto-sanitaires pour vendre des fruits délicieux ? Comment pouvait-on choisir sans emballages multicouches pour déguster son yaourt préféré ? Comment pouvait-on se déplacer sans GPS pour retrouver la porte de son jardin ? Comment pouvait-on utiliser un vélo sans batteries destructrices pour faire son parcours de santé ? Toutes ces questions sont sous-jacentes dans les photographies d’Hans.
Il est de notoriété publique qu’Hans Silvester est un grand défenseur de l’environnement, le vrai dans sa globalité et pas seulement au fil de l’actualité immédiate, des annonces médiatiques ou des opportunités d’ONG diverses. Pourtant, sa maîtrise photographique nous rapporte objectivement tous les éléments pour notre propre réflexion, sans parti pris. Regardez bien ses photographies, encore un peu mieux ; je n’ai jamais entendu un visiteur ou un lecteur dire « j’aime » ou « je n’aime pas » à la première confrontation. Les émotions, les interrogations sont instinctives et individuelles avant de porter un jugement ou une appréciation.
N’est-ce pas là ce que nous attendons d’une véritable œuvre photographique ?
Thierry Maindrault
