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Hamid Sardar-Afkhami

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Dans les temps anciens, un vent terrible soufflait sur la vaste steppe reliant l’Europe à l’Extrême-Orient. Les poètes grecs l’appelaient le Boréal, et pensaient qu’il vivait dans une grotte quelque part dans les montagnes de l’Altaï. Au-delà du grand vent – dans le pays d’Hyperborée – existe une terre idéale où le soleil brille toujours, un lieu connu pour ses prêtres et ses guérisseurs comme Abaris, qui vécut dans un lieu où, selon le poète Pindare, « ni maladie, ni amère vieillesse se mèlent » et où vivent les Hyperboréens « dans leur sang sacré, loin des labeurs et des batailles… » (Pindare, Les Pythiques, dixième Ode).
Les communautés nomades qui survivent aujourd’hui dans des lieux comme la taïga mongole sont les descendants des mythiques Hyperboréens; une race d’illuminés qui vivait au-delà du grand vent. Les nomades mongols conservent une vision de la vie que notre imagination occidentale associe encore à la race dorée. Leur mouvement perpétuel à travers les vastes pâturages et leur proximité envers les animaux, à la fois domestiques et sauvages, semblent leur donner une certaine immunité contre la dégénérescence – une certaine sagesse spirituelle, qui peut paraître incompatible, même détestable, aux valeurs de la civilisation sédentaire, et qui demeure aujourd’hui un anachronisme héroïque, étranger à nos notions du temps et de l’histoire.

Dans ces paysages ethnographiques et oniriques habités par des rennes, des ours, des chevaux, des aigles et des loups, les hommes ne sont plus au centre de l’image. Ils ne sont qu’un élément flottant à travers la scène. En fait, sans la compagnie des animaux, la vie ne serait pas possible et l’homme semblerait perdu. Le mysticisme écologique qui relie l’animal à l’homme est l’essence même de la taïga ; c’est un lieu qui est rattaché aux bêtes qui parlent et aux voix des ancêtres, un lieu qui éveille le sentiment de guérison et de bien-être, mais qui semble toutefois contraire aux lois des hommes civilisés. Ces compositions iconiques rappellent une phase antérieure de la conscience humaine, à une époque où l’esprit-animal escortait l’homme, à travers les barrières physiques et métaphysiques, vers d’autres mondes.

EXPOSITION
Taïga, au-delà du Grand Vent
Jusqu’au 12 mars 2015
Espace Keller
11, rue Keller
75011 Paris

http://www.espacekeller.com
http://hamidsardarphoto.com

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