Le Centre d’Art Gwinzegal présente du 12 mars au 7 mai son exposition annuelle intitulée Champs/Contre-champs, qui vise à confronter un ensemble de mutations communes à l’ensemble de la société à travers le regard de photographes. Pour cette nouvelle édition, place est faite à la littérature, avec Le Cycle du pays natal, d’Armand Robin; un ensemble de photographies et de textes du poète suisse Gustave Roud, évoquant le quotidien des paysans vaudois ; et enfin une lecture-performance autour du livre Louons maintenant les grands hommes, de Walker Evans et James Agee. Deux autres expositions sont également présentées : Deposit, du photographe suisse Yann Mingard, et le portrait d’Hubert Forget, curé de campagne, de plain-pied avec les réalités de son temps et les fragilités d’une société rurale traversée par la précarité et la marginalité, œuvre de la photographe Isabelle Vaillant.
Gustave Roud (1897-1976) est fils et petit-fils de paysan. Il poursuit des études brillantes de lettres à l’université de Lausanne mais il ne quittera jamais la ferme familiale située à Carrouge, dans la région préalpine du Jorat, dans le canton de Vaud en Suisse. Comme pour Armand Robin, son métier de traducteur tient une place importante dans sa vie et dans son oeuvre. Il traduit notamment les romantiques allemands, qui influenceront considérablement sa démarche poétique. Parallèlement à cela, il entretient depuis l’âge de 16 ans et jusqu’à la fin de sa vie une pratique assidue de la photographie. Ses sujets de prédilection sont la nature et la campagne, rythmées par les saisons et le travail des paysans du village — dont il fige les gestes avec passion et précision. Solitaire, il est une figure atypique du village : c’est en veste et en cravate, toujours avec son appareil photo, qu’il effectue quotidiennement de très longues promenades méditatives dans les champs. Observateur attentif de la mécanisation des techniques agricoles, il semble scruter un monde séculaire en voie d’extinction :
« La poésie cherche à sauver de l’oubli certains aspects de la vie paysanne qui se modifie toujours plus et à une allure toujours plus rapide. Contre cette évolution, il serait d’ailleurs vain et stupide de récriminer. Ainsi vont les choses : dans un espace de cinquante années nous avons vu disparaître bien des formes d’activités paysannes qui semblaient dans leur simplicité et leur beauté durer longtemps encore […] Ce faucheur tout doré par le soleil du soir, combien de temps aiguisera-t-il sa faux avant de la voir dormir sous un avant-toit ? Tout ce qui a disparu ou qui va disparaître dans ce Jorat tant aimé, seule la poésie pouvait permettre de le sauver de l’oubli, c’est ce que la mienne a tenté de faire. »
Discours de Gustave Roud en 1967 lors de la remise d’une distinction honorifique par la commune de Carrouge.
Jamais exposées de son vivant, ses photographies le placent pourtant comme l’un des principaux écrivains-photographes européens de l’entre-deux-guerres et de l’immédiate après-guerre. Ses photographies ont fait l’objet d’expositions posthumes au Centre Pompidou (Paris) et au Musée de l’Elysée (Lausanne) en 1990. En 2015, le conseil d’Etat vaudois a décrété officiellement 2015 « année Gustave-Roud », et ce dernier a été mis à l’honneur en Suisse par plusieurs expositions et manifestations.
EXPOSITION
Champs/Contre-champs 2016
Gustave Roud
Du 12 mars au 7 mai 2016
Centre d’Art Gwinzegal
Médiathèque de Guingamp
3 rue Auguste Pavie
22200 Guingamp
France
02 96 44 27 78
Ouvert le mardi de 12h à 18h, le mercredi et le samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h, le vendredi de 10h à 12h et de 15h à 19h.
[email protected]
http://gwinzegal.com
