Photographe allemand, Götz Göppert est maintenant installé à Paris. Il fait partie de ces photographes qui arrivent à concilier vie professionnelle et projets personnels. Dernièrement exposé à la Maison Européenne de la Photographie pour sa série Les quatre saisons, sa nouvelle exposition met en avant une sélection de panoramiques réalisés à New York. Rencontre avec lui, pour qu’il nous parle un peu de son travail.
Comment en êtes vous venu à la photographie ?
Par hasard, j’ai fais un stage chez un photographe, je devais avoir 20 ans [42 ans aujourd’hui].
J’étais assistant photographe en Allemagne après je suis parti en régate, faire de la voile et en rentrant je me suis dit qu’il fallait que je trouve un travail un peu sérieux et je suis devenu photographe. Bon, c’est peut-être pas très très sérieux… Au début j’étais assistant photo dans le domaine de la pub, très orienté mode. Puis en 1996 j’ai commencé à travailler là-dedans en tant que photographe.
Grace à ça j’ai fait beaucoup de voyages. Pendant ces voyages souvent tu attends le matin, les filles se maquillent, sont habillées tôt etc. On est partis au Brésil, en Afrique du Sud… dans des endroits magnifiques. J’avais envie de montrer ça, de le mettre en photo. J’ai cherché mes formats avant de trouver du 6×17 et du 6×24, qui sont absolument formidables pour faire des panoramiques.
Ensuite, j’ai habité à New York, la ville s’y prêtait. Je ne travaillais pas beaucoup du coup pouvais faire des photo. Je me souviens avoir vendu mon premier tirage à un mec, j’avais photographié son appartement par hasard.
Vous êtes aussi photographe de mode ?
Oui, enfin c’était surtout avant où je faisais pas mal de mode et de catalogues. Depuis ça s’est un peu arrêté, les choses changent. J’ai commencé à travailler plus dans tout ce qui est cosmétique/beauté. La peau très naturelle, des détails de corps. Je fais un peu de lingerie parfois.
Argentique ou numérique ?
Pour mes projets j’utilise l’argentique puisque mes formats n’existent pas en numérique, il n’y a pas d’équivalents pour le moment et la qualité est excellente. Par contre pour le boulot le numérique est plus adapté.
Au niveau du rendu des couleurs, utilisez vous un traitement spécial ?
Non, le film est comme ça, pas tellement de retouches, juste une légère correction de couleurs au développement, qui correspond aux diapo. Pas de traitement, rien. C’est un travail très classique techniquement.
Parlez moi un peu de vos sujets. Pourquoi avoir choisi de photographier des villes désertes, des espaces vides, voitures seules ?
On est entourés de gens toute la journée tout le temps. Parfois ça fait du bien d’être seul sans télé sans radio sans gens etc.
Après il y a aussi le fait que sur des photo comme ça, les gens vieillissent très mal. Ils sont liés à une époque avec des coiffures, des vêtements et tout… Par exemple t’as un mec en jogging c’est bien, la photo est super mais qu’est-ce que j’en fais du mec en jogging ?
Je trouve les gens assez moche – pourtant j’aime bien les gens – et après techniquement, avec cet appareil j’utilise des temps de pose assez longs donc souvent il y a des rues où les gens passent mais on ne les voit pas sur les films.
C’est donc un choix…
J’aime bien aussi que mes photo restent intemporelles. C’est quelque chose dont je me suis rendu compte assez tard. Par exemple, une photo de voiture ancienne peut dater des années 60 mais être aussi bien une photo d’aujourd’hui.
Quand j’ai commencé mes panoramiques – il y a dix ans – je faisais surtout des paysages extérieurs. Il n’y a qu’en arrivant à New York que je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de travailler dans les villes.
J’ai réalisé aussi des photo d’intérieurs comme des chambres d’hôtels, des cuisines, des frigo… En fin de compte le format passe presque partout.
Pourquoi les voitures ?
Les voitures sont tout autour de nous partout, tout le temps. Je m’en suis d’autant plus rendu compte en faisant mes panoramiques qu’il y en avait tout le temps.
Là j’ai utilisé le format carré aussi.
Avez vous été influencé par certains photographes ? On peut parfois penser à Gregory Crewdson par exemple pour l’ambiance des voitures, même si la démarche n’est pas la même.
Gregory Crewdson ? Je ne sais pas. Oui, Crewdson c’est surtout de la mise en scène, tout est hyper contrôlé, c’est très beau ce qu’il fait. Moi je ne mets pas en scène, je prends les choses comme elles sont. J’aime beaucoup de grands photographes américains comme Stephen Shore, Edward Weston, Walker Evans et Irving Penn bien sûr. Et j’adore Elger Esser ! Sinon Ansel Adams pour ses paysages en noir et blanc. Je crois que je suis plus influencé par le cinéma.
Oui, peut-être pour le thème de la ville vide ? Je pensais un peu à Vanilla Sky…
Les gens me disent plutôt Blade Runner niveau ambiance. J’aime bien aller au cinéma pour m’inspirer, ça me donne des idées. Puis en fait le format est un peu cinématographique. La série des couloirs ça fait un peu Shining par exemple…
Votre prochain projet ?
Je vais bientôt aller en Islande pour y faire des photos et je suis invité à Johannesburg cet automne pour une exposition.
Propos recueillis par Juliette Deschodt.
EXPOSITION
Du 22 au 28 mai 2012
Congrès 2012 de la Fédération Photographique de France
Espace Daniel Sorano 16, rue Charles Pathé
94300 Vincennes
France
REPRESENTATION
Galerie Superflu
26 rue Saintonge
75003 Paris
France