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Gerardo Custance–L’identité et l’espace

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Cette spirale d’or, basée sur le nombre d’or, représente de manière graphique la suite de Fibonacci. Cette proportion, qualifiée de divine à la Renaissance, se retrouve dans la nature de manière spontanée sous diverses formes simples et pures. Son tracé sur ma carte fait référence à un ordre que je me suis imposé à moi-même, à la recherche d’une harmonie qui guiderait ma démarche de photographe, face à la difficulté que représente une réalité toujours changeante, exténuante et contradictoire.

Mon intention, en marchant et en photographiant, est de trouver l’équilibre entre l’identité de l’espace et l’identité du regard qui le photographie. En d’autres termes, je suis en quête d’une manière d’expérimenter le paysage qui me permettrait de le représenter avec intégrité, en tenant compte des émotions qui me traversent.

Comme pour mes projets antérieurs, j’utilise le négatif couleur et un appareil Sinar de format 4 x 5. Le dispositif rend impossible l’immédiateté, exigeant précision et patience pour la prise de vue. Cette manière de travailler, en plus d’être coûteuse, impose un rythme posé, un temps qui invite à la réflexion, au calme et à l’analyse attentive de la réalité.

Pour l’exécution de ce projet, j’ai confectionné une carte de 2 x 2 mètres, collant les uns aux autres des petits plans extraits de Google Maps. Sur cette carte de Paris et ses environs, j’ai donc tracé une spirale d’or dont le centre se situe à la Cité Internationale Universitaire de Paris, lieu où je vivais lorsque j’ai réalisé la première et la dernière photographie présentées ici. Cette enclave, la Cité Universitaire, se caractérise comme un espace aux identités multiples; topographiquement, c’est un lieu très spécifique, une zone neutre, située entre l’ultime limite de la ville et la banlieue. Comme chacun sait, la configuration des arrondissements de Paris intramuros décrit une spirale. La spirale tracée sur ma Dernière Carte se développe, elle, au large de Paris extramuros, qu’on appelle aussi le Grand Paris. Elle avance dans un sens opposé à celui qui ordonne les arrondissements parisiens, décrivant un mouvement à travers l’aire de transition où la ville change d’identité, où elle se transforme en paysage globalisé, en ce que l’on pourrait encore nommer « non-lieu ».

Le titre La Dernière Carte signifie qu’après Drifting London et Perímetro, c’est la dernière fois que je souhaite me baser sur la cartographie pour un projet photographique. Ces trois projets pourraient donc constituer une sorte de trilogie des villes où j’ai vécu (Londres, Madrid, Paris). Mais la carte confectionnée par mes soins dans ce dernier projet est, on l’aura compris, presque un prétexte pour explorer un territoire inconnu (physique et métaphysique) partant du principe, peut-être un peu mystique, que la photo se trouvera sur mon chemin quelque soit celui-là.

L’expression « dernière carte » veut aussi dire que le moment est sans doute venu pour moi de risquer plus, de me libérer des influences esthétiques qui m’ont guidé jusqu’à présent, pour trouver ma réelle identité en tant que photographe.

Nombreux sont les photographes qui ont travaillé à Paris et multiples sont les façons d’interpréter la complexité ordonnée de cette ville. Plusieurs figures tutélaires planent sur Paris. Loin d’essayer de me mesurer à elles, je dirige délibérément mon objectif vers une périphérie inexplorée et changeante. Travailler sur une capitale, aussi bien Paris que n’importe qu’elle autre capitale du monde, quand on est photographe aujourd’hui, c’est se confronter à ses débordements. Je sillonne ces zones, tentant de laisser derrière moi un document personnel et subjectif qui serait à la fois représentatif de mon époque et de ma propre existence.

Madrid, 1er mai 2013, Gerardo Custance

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