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Galerie du Passage : Édouard Taufenbach et Bastien Pourtout – D’après la Collection Pierre Passebon : Obsession Dietrich

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 Une obsession peut en cacher une autre par Jean-Luc Monterosso

Pierre Passebon est un collectionneur hors normes, capable de rassembler plus de cinq cents photographies sur l’inoubliable interprète de L’Ange Bleu et, dans le même temps, de s’intéresser avec une acuité gourmande à la bande dessinée, au mythe de Tarzan ou encore à la masculinité dans l’iconographie occidentale.

« J’ai des envies visuelles irrépressibles », confie-t-il. Une passion frôlant l’obsession qui le conduit à passer de l’acquisition des images à leur production.

C’est à l’occasion d’une rencontre fortuite avec les photographes Édouard Taufenbach et Bastien Pourtout que naît l’idée d’une commande : réaliser une mise en abyme de sa collection. Créer des images inédites à partir des photographies de Marlène utilisées comme autant de citations visuelles.

Édouard Taufenbach et Bastien Pourtout ont ainsi mis au point à partir de leur Iphone une forme nouvelle de photomontage fondée sur l’instantanéité d’Instagram et la possibilité de communiquer des images à distance. Ils mixent, comme le ferait un DJ pour la musique, les différentes photographies qu’ils s’adressent et sur lesquelles ils réagissent en direct.

Cette construction digitale à quatre doigts aboutit à la réalisation d’œuvres étonnantes. Les visages de Marlène se succèdent au cours du temps dans une forme d’immobilité et de permanence stupéfiantes, tandis que ses jambes se démultiplient créant par leur rapprochement et leur juxtaposition un stéréotype parfait. Il en va de même de ses yeux, de son sourire, de ses gestes. Par ces effets, comparables à la chronophotographie d’un Étienne-Jules Marey ou à la stroboscopie utilisée par Harold Edgerton ou Gjon Mili, Édouard Taufenbach et Bastien Pourtout s’inscrivent dans une tradition photographique tout en la renouvelant. Cette modernité issue d’un détournement technologique, bousculant la chronologie, révèle au grand jour une obsession : celle de Marlène préoccupée par la maîtrise de son image et qui, toute sa vie, aura su, comme le montrent les œuvres ici rassemblées, s’abriter sous le masque d’une éternelle beauté.

Jean-Luc Monterosso

 

Bastien Pourtout, né en 1982, est diplômé d’un Master en Histoire économique et sociale à Paris X (2012) et d’un Master en Photographie et Art contemporain à Paris VIII (2019). Edouard Taufenbach, né en 1988 est diplômé d’un Master en Arts et Médias numériques à Paris I (2014).

Ils travaillent ensemble depuis Spéculaire (2018-2019) autour de la collection de photographies vernaculaires de Sébastien Lifshitz. Les collages réalisés sont présentés à la galerie Binôme, à Paris Photo la même année, et l’année suivante à Rome, à Londres, à Mexico et à New York, au festival de Photographie d’Athènes, ainsi qu’à la Villa Noailles. Ils publient une monographie sur ce projet avec les Éditions L’Artiere. Puis ils présentent La méthode (2020) autour des structures des Hommages au carré de Josef Albers.

En 2020 Ils sont lauréats du Prix Swiss Life à 4 mains pour le projet Le bleu du ciel, sur le vol de l’hirondelle. Ils partent en résidence à la villa Médicis pour réaliser ce travail et décident à leur retour de devenir un duo artistique. Ce projet est exposé au Musée de la piscine à Roubaix, au salon photographique Approche, dans divers galeries et à Arles pour Les rencontres de la photographie. Ils réalisent une seconde publication avec les éditions Filigranes.

Ils préparent une exposition avec le galeriste/collectionneur Pierre Passebon autour de sa collection de Photographie de Marlène Dietrich dont deux œuvres sont présentées cet automne à la cinémathèque sous la curation de Matthieu Orléan pour l’exposition Cinemode par Jean-Paul Gaultier.

Leur pratique en duo se définit comme une méthode faite de protocoles et de jeux. Par différents appareils de prise de vue (réflex numérique, téléphone portable ou Rolleiflex), ils produisent des photographies à agencer, à associer, à faire circuler comme des messages de l’un pour l’autre — tout un langage visuel. Toujours en train de se faire, les images ne sont pas conçues à priori, elles s’inventent et se construisent dans l’échange.

Ils travaillent avec la galerie Almanaque fotográfica à Mexico. Leurs travaux ont fait l’objet de nombreuses parutions presses tel que Le Monde (9 juillet 2021), Libération (7 mai 2021), Télérama (6 février 2021) ou The New York Times (9 novembre 2018).

 

Édouard Taufenbach et Bastien Pourtout : Obsession Dietrich
D’après la Collection Pierre Passebon
15 février – 15 mars 2022
Galerie du Passage
20/26 passage Véro-Dodat
75001 Paris, France
www.galeriedupassage.com
www.taufenbachpourtout.com

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