L’exposition de Amanda Sthers a un charme fou et à son origine, une très jolie histoire ! Voici son introduction par l’auteure :
« Il y a une quinzaine d’années, j’ai acheté la photographie ancienne d’une jeune femme aux puces. Ce portrait qui avait peut-être jadis été chéri par un homme, était abandonné dans une boîte près de poupées cassées, anonyme, sans destin.
De retour chez moi, je lui en ai inventé un, à travers une lettre qui lui était adressée. De brocantes en vide greniers, au fil des années, j’ai recueilli dans mon monde fantasque des enfants, des familles, des couples qui se mariaient, d’autres qui avaient du mal à faire semblant devant l’objectif.
J’ai pris les faibles indices, les dates au dos des photos, des prénoms, le lieu et j’ai inventé des histoires à ces gens dans ce que j’imaginais être leur langue. Parfois, je leur ai associé des objets ou d’autres photographies… Au lieu d’être des fantômes sans nom dans la poussière, ils sont désormais les héros d’un instant de vie fracassant qui devient une réalité dès que d’autres posent leurs yeux dessus, sourient, pleurent, partagent.
Il y avait dans cet exercice tout ce que ma vie d’artiste m’a amenée à faire, ça mêlait l’empathie, l’imagination, l’observation, l’esthétisme, la capacité à croquer une histoire en quelques phrases.
Ces oeuvres devaient être destinées aux murs de ma maison mais il m’en fallait toujours plus et je n’ai pu arrêter le besoin de m’inventer cet arbre généalogique imaginaire.
A l’heure de la multiplication des clichés virtuels, il nous apparaît avec plus d’évidence encore l’importance de ces photos souvent solennelles, quatre portraits devaient exprimer une vie: baptême, portrait, mariage, photo de famille.
Katy Wellesley Wesley, m’a autorisée à penser que j’avais créé des oeuvres d’art qu’il fallait exposer, faire vivre, puis Laura Serani qui est la curatrice de l’exposition qui va les mettre à l’honneur et a plongé dans mon album avec des yeux d’enfant et un regard de sage. Il est étrange pour moi d’avoir créé des oeuvres uniques et de savoir qu’elles iront dormir chez d’autres gens, continuer leurs destins sans moi.
Est-ce un hasard si je les expose l’année où mon second fils va lui aussi quitter le nid?
Je vous souhaite la bienvenue dans une part de ce que je suis. Je suis heureuse de vous présenter quelques uns de mes amis et ma famille imaginaires. »
Amanda Sthers
Amanda Sthers : Le lendemain, tout a changé
Jusqu’au 13 janvier 2023
Galerie 75 Faubourg
75, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
https://galerie75faubourg.com/en/