Le crucifix SS de Cutro et la piété chrétienne
La statue du Crucifix de Cutro est l’œuvre du sculpteur sicilien Fra Umile da Petralia et date de 1630. Elle reflète les caractéristiques de la représentation du drame du Christ sur la croix selon les dictats de la période de la Contre-Réforme. La statuaire en bois de Fra Umile reflète également la culture franciscaine de l’époque et s’inspire de la représentation du Christ par les sculpteurs et les peintres espagnols. Le Crucifix de Cutro a trois expressions faciales : souriante, mourante et morte. C’est le signe d’un savoir-faire sculptural inégalé et d’une puissance humaniste emblématique de la vision d’une vie dans ses différents moments. Le Crucifix Cutro dépasse toutes les époques, il est un témoignage narratif de la piété, de la tendresse poignante et de l’émotivité qui saisit l’âme humaine face à l’acte de la Crucifixion. Et Cutro est dévoué à son Crucifix, et depuis 1861, la fête y est célébrée. Ainsi, chaque année, il y a une petite fête, tandis que tous les sept ans, il y a la « grande » fête, ce qui indique qu’il s’agit d’un événement extraordinaire. Voici ce que j’ai écrit il y a des années :
« La fête septennale du Saint Crucifix a des origines précises qui remontent à 1800. En 1854, une grave sécheresse a frappé Cutro et les paysans ont commencé à prier devant la statue du Crucifix pour qu’elle leur accorde la grâce de la pluie. Comme le disait alors Monseigneur Antonio Piterà : » Cette ville, où tout est mouvement, avait pris l’aspect d’une nécropole, la faim y régnait, et il semblait que pour nous étaient revenus les temps calamiteux de cette aridité obstinée de la terre et du ciel, qui, sous le règne du méchant Achabbe, affligea le malheureux Israël « .
Et la pluie est venue, et en 1857, les paysans et les ouvriers agricoles ont à nouveau connu le contraire de la sécheresse, c’est-à-dire trop de pluie. La population s’est à nouveau tournée vers le Crucifix et a reçu la grâce de l’arrêt des pluies susmentionnées à partir du 29 juin. Cela confirme la nécessité d’un événement processionnel pour lier encore plus étroitement la dévotion populaire au Crucifix à une sorte de pacte sacré. Un pacte sacré au sens de la protection de la vie collective contre les catastrophes climatiques et naturelles, comme la famine, très ressentie dans une société de paysans et d’ouvriers, et un pacte sacré au sens de la sacralisation de l’espace. Cela s’est produit au fil du temps avec la transmission historique entre les différentes générations de l’événement miraculeux de 1854. L’histoire indique une lointaine complexité des sens dans l’événement d’un acte fondateur, dans le pacte de sacralisation qui rappelle l’identité exprimée dans l’anthropologie culturelle et biologique de l’être humain » (de Frate Umile da Petralia e il Crocifisso di Cutro. Segno storico e segno teologico, Youcanprint 2013).
Texte par Giuseppe Condello
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