Studio per una scultura
Nous avons tendance à penser que l’art classique est unique. Cependant, tout au long de l’histoire de l’art occidental, la créativité et la conscience humaines ont admiré le passé. Les gens s’y sont tournés pour l’inspiration artistique, s’efforçant d’imiter des modèles esthétiques parfaits.
Les anciens Égyptiens ont eu une influence évidente sur les meilleurs artistes et sculpteurs de la Grèce antique. Ils ont, à leur tour, inspiré la culture artistique de l’Empire romain, conduisant finalement à un « embrouillage » de l’original et de la reproduction. À la Renaissance, cela se traduit par un « classicisme » qui reflète la préférence pour l’art ancien, considéré comme possédant des qualités « idéales ».
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, Auguste Rodin revisite ces mêmes modèles. Il les a imprégnés d’une éloquence introspective et sensuelle qui n’avait jusqu’alors jamais été explorée en sculpture. Ses œuvres transmettaient les émotions et les sentiments les plus intimes de l’âme humaine. L’influence de Rodin sur ses contemporains a été si grande qu’elle a traversé les générations.
Tout suit un ordre précis dans lequel l’art et la science, les impulsions humaines et la créativité s’entremêlent en pure harmonie : l’Histoire.
S’inspirant de la sculpture classique, Francesco Brigida crée des images qui examinent le langage corporel et interagissent avec le mouvement. Stvdio per vna scvltvra (« Étude pour une sculpture ») est l’aboutissement de ses recherches sur le potentiel de représentation du corps humain. Pendant deux ans, Brigida a travaillé avec un modèle, un sujet. La nudité met le corps dans un état de simplicité et de pureté sublime, préparant le sujet à photographier et dépeignant ses mouvements dans la chair, tels qu’ils sont réellement. Le corps apparaît moulé, comme s’il s’agissait d’une véritable matière sculptée. Il n’y a aucune trace de sensualité ou d’érotisme. Utilisant un langage visuel épuré, Brigida crée des images de sculptures idéales. Ils apparaissent sur un fond noir, ciselés par la lumière comme dans une scène nocturne. Dans ces plans, la tête semble disparaître. Le visage est généralement considéré comme le miroir de l’âme ; mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que tous les muscles du corps expriment les sentiments intimes de la psyché humaine. Des membres allongés, un torse tordu, des mains, tout peut sourire avec la même tendresse que les yeux.
S’engager dans la sculpture classique signifie s’entraîner à observer la nature. Les Grecs de l’Antiquité ont toujours représenté la nature telle qu’ils la voyaient. Ils ont souligné les principales caractéristiques de la figure humaine sans supprimer les détails réalistes qui insufflent la vie à la sculpture, les mélangeant simplement à l’ensemble. Les sculpteurs grecs ont exprimé une tendresse et une sensualité dans la beauté de la forme humaine qui n’a jamais été égalée par aucune autre nation.
Utilisant ses yeux et son cœur à l’unisson, Brigida observe le modèle, analysant attentivement chaque mouvement du corps, des articulations et des muscles. Avec une approche contemplative et un regard contemporain, il nous montre la vie qui anime et réchauffe la forme humaine.
