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Francesca Woodman –Identité intemporelle

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L’œuvre déconcertante de cette photographe, qui s’est donné la mort à l’âge de 22 ans, continue aujourd’hui d’inspirer les jeunes étudiants en art à travers le monde. Le MoMA de San Francisco présente une rétrospective qui fait suite, aux Etats-Unis, à deux décennies de silence.

Les photographies de Francesca Woodman parcourent le temps sans vieillir. Nul doute qu’il en aurait été le vœu le plus cher de l’artiste, elle qui se définissait comme une personne « hors du temps ». A travers ses interrogations personnelles, on est invité à explorer une mise à nu de sa vie privée, énigme d’une existence qu’elle n’aura pas su apprivoiser ou qu’elle a simplement voulu avorter. Un mystère non élucidé qui rime, comme souvent en photographie contemporaine, avec beauté.

Car il ne faut pas voir dans les autoportraits de Woodman une pratique réductrice, vouée à flatter un quelconque ego. Certes, la photographe reste le sujet principal de chacune de ses créations, mais la simplicité de l’acte abrite un affront à ce monde qu’elle parait vouloir défier par la pureté. Quand la photographe se pince le biceps ou se poigne la hanche avec vigueur, c’est pour semble-t-il, au delà de la fierté de la pose, exprimer une certaine vengeance à l’égard du corps qu’on lui a donné. Lorsque Woodman, dans House #4 (1976), cherche à bousculer l’élément architectural en le transperçant de sa silhouette, c’est pour affirmer un désir de souplesse et inciter ce personnage imaginaire à jouer avec elle. Un jeu qu’elle poursuit quand le temps d’une fraction de seconde, elle lance un regard profond à l’objectif, son compagnon inépuisable. Par le classique du nu, Francesca Woodman occulte toute obscénité pour tenter, tout bonnement, de comprendre, le plaisir ou la souffrance.

Lors de cette introspection, on verra bien sûr les questions l’emporter sur les réponses. L’obscurité sur l’évidence. La provocation sur la sagesse. Il est pourtant légitime de vouloir saisir la symbolique de l’œuvre de Francesca Woodman, qui a vécu, que ce soit à Providence ou lors d’un voyage à Rome, dans des lieux austères, sans cuisine ni douche, dans un vide propice à une inspiration abstraite. L’artiste, excentrique et joyeuse, dépressive seulement les dernières semaines de sa vie, tenait un journal intime, entre poésie noire et passion littéraire. Elle laisse, pour les générations futures, l’image d’une figure héroïque, dont l’éventuel narcissisme reste subjugué par la sincérité de sa vision.

Jonas Cuénin

Rétrospective Francesca Woodman
Jusqu’au 20 février 2012
MoMA
151 3rd Street
San Francisco, CA 94103
(415) 357-4035

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