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Fondation Henri Cartier-Bresson : Weegee : Autopsie du Spectacle

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La Fondation Henri Cartier-Bresson présente Weegee : Autopsie du Spectacle.

Il y a une énigme Weegee. La carrière du photographe américain semble être scindée en deux. Tout d’abord, les clichés chocs parus dans la presse tabloïde nord-américaine : cadavres de truands gisant dans leur sang, corps incarcérés dans des véhicules emboutis, petits caïds à la mine patibulaire derrière les grilles du fourgon carcéral, taudis vétustes dévorés par le feu et quelques autres documents poignants sur la vie des plus démunis à New York entre 1935 et 1945.

Ensuite, ce sont des images festives – soirées mondaines, spectacles de saltimbanques, foules en liesse, vernissages et premières –, auxquelles il faut ajouter un corpus pléthorique de portraits de personnalités publiques que le photographe s’est amusé à déformer par l’entremise d’une très riche palette de trucages entre 1948 et 1951, et qu’il poursuit jusqu’à la fin de sa vie. Comment ces deux corpus, aussi diamétralement opposés, peuvent-ils coexister au sein d’une même œuvre photographique ? Les exégètes se sont plu à renforcer l’opposition entre ces deux périodes, à encenser la première et à détester la seconde. L’exposition Autopsie du Spectacle a pour ambition de réconcilier les deux Weegee en montrant qu’au-delà des différences de formes, la démarche du photographe repose sur une réelle cohérence critique.

La question du spectacle est omniprésente dans l’œuvre de Weegee. Dans la première partie de sa carrière, qui correspond historiquement à l’essor de la presse tabloïde, il participe à la transformation du fait-divers en spectacle.

Pour bien le montrer, il inclut souvent des spectateurs ou d’autres photographes au premier plan de ses images.

Dans la seconde moitié de sa carrière, Weegee se moque du spectaculaire hollywoodien : de ses gloires éphémères, des foules qui les adulent et des mondanités qui les entourent. Quelques années avant l’Internationale Situationniste, il offre à travers ses photographies une critique incisive de la Société du Spectacle.

Nouvelle lecture de l’œuvre de Weegee, Autopsie du Spectacle présente des icônes du photographe aux côtés d’images moins connues et jamais montrées en France.

 

Commissaire de l’exposition

Clément Chéroux
Directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson

 

“Weegee n’est ni le seul, ni le premier à s’être ainsi intéressé aux regardeurs. Peu avant lui, en 1937, Henri Cartier-Bresson avait photographié pour Ce Soir les spectateurs assistant au couronnement de George VI. Un quart de siècle plus tôt, en 1912, Eugène Atget avait, lui aussi, photographié sur la Place de la Bastille, à Paris, des passants observant une éclipse solaire. Mais Weegee pousse l’idée plus loin encore.

Il la systématise. Il en fait un principe qu’il n’hésite pas à mettre en œuvre à chaque fois que l’occasion se présente. C’est là une forme de mise à distance. Il s’agit de pousser le lecteur à interroger la manière dont il regarde et de lui faire comprendre qu’il se trouve, comme le spectateur dans l’image, en situation de voyeurisme. Il y a également là une forme de critique de la manière dont la société américaine transforme le fait-divers en spectacle. “ – Clément Chéroux

 

Weegee est né Usher Felig le 12 juin 1899 dans une famille juive de Zolotchiv, une petite ville de Galicie qui faisait alors partie de l’Empire austro-hongrois et se trouve aujourd’hui située dans l’ouest de l’Ukraine. À l’âge de 11 ans, il rejoint son père émigré aux États-Unis. Au bureau d’immigration d’Ellis Island, il devient Arthur Fellig. Installé dans les quartiers pauvres du Lower East Side, il quitte l’école à 14 ans et commence à travailler pour aider sa famille. Après avoir pratiqué différents métiers, il devient photographe ambulant, travaille chez les photographes Duckett & Adler puis dans les laboratoires de l’agence ACME Newspictures. À partir de 1935, il se met à son compte en tant que photo-reporter. Vers 1937, il commence à utiliser le pseudonyme de Weegee, puis, vers 1941, à marquer l’arrière de ses tirages d’un tampon en forme de prophétie autoréalisatrice : « Weegee the Famous ». Pendant 10 ans, branché sur la radio de la police, il photographie, principalement la nuit, les crimes, arrestations, incendies, accidents et autres faits divers. Le photographe a certes des accointances avec la police, sans laquelle il n’aurait pu travailler, mais il fréquente aussi beaucoup les milieux de gauche. Il est très proche de la Photo League, ce groupe de photographes indépendants qui croient fermement en l’émancipation par l’image et milite pour la justice sociale. En 1945, il réunit ses meilleures photographies dans un livre intitulé Naked City [La Ville nue] qui rencontre un réel succès d’estime et de vente. Weegee commence alors à devenir effectivement célèbre. Au printemps 1948, il part s’installer à Hollywood où il travaille pour l’industrie cinématographique en tant que conseiller technique et parfois aussi comme acteur. Il photographie la fête permanente et développe diverses techniques de trucages photographiques avec lesquels il caricature les célébrités. En décembre 1951, après quatre ans sur la côte ouest, il est de retour à New York mais ne renoue pas pour autant avec son ancienne pratique. Jusqu’à sa mort, le 26 décembre 1968, la plus grande part de son activité consiste à profiter de sa notoriété pour publier d’autres livres, faire des tournées de conférences et diffuser largement ses photo-caricatures dans la presse.

 

Weegee, Autopsie du Spectacle
30 janvier – 19 mai 2024
Fondation Henri Cartier-Bresson
79 rue des Archives 75003 Paris
+33 (0)1 40 61 50 50
www.henricartierbresson.org
@FondationHCB

 

L’exposition est accompagnée d’un catalogue en français publié par les Éditions Textuel.

Weegee, Autopsie du Spectacle
Éditions Textuel
Textes de Isabelle Bonnet, David Campany, Clément Chéroux et Cynthia Young.
20 x 26 cm
208 pages
Parution : 17 janvier 2024
ISBN 978-2-84597-990-1
55 €
www.editionstextuel.com

L’exposition Autopsie du Spectacle sera aussi montrée du 24 septembre 2024 au 5 janvier 2025 à la Fundación MAPFRE (Madrid, Espagne). Une catalogue en espagnol sera publié à cette occasion.

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