L’artiste chinois expose pour la première fois en dehors de son pays, à Paris. Il publie un livre intitulé White Night (Nuit blanche) peuplé de photos prises à la dérobée dans sa ville de Chengdu.
Dans la lignée des photographes de rue qui surprennent des situations rocambolesques, pathétiques ou amusantes, Feng Li s’inscrit pleinement. A la façon d’un Daido Moriyama, il dévore le bitume et attrape tout ce qui frappe son œil, tranche dans la matière qu’il perçoit et donne d’étonnants tableaux qui inquiètent, font parfois frémir, dégoûtent ou enchantent. Dans son livre White Night, nous avons l’impression de plonger avec lui dans une déambulation urbaine qui flirte avec le sentiment de l’inquiétante étrangeté. Comme Hans Bellmer avec ses poupées, Feng Li découpe les membres des personnages, offre la vue d’un dos, d’une jambe, d’une main. Parfois, ce sont des mannequins. Parfois, ce sont des vieilles personnes abimées par la vie. Parfois, une jeune femme qui se prend pour une star de cinéma. Parfois, un animal mort qui traine au coin d’une rue. L’ensemble est lugubre, foncé, même si le photographe, comme un insecte, semble attiré par les couleurs vives. Armé d’un flash, il saisit gens et situations d’un même tenant, rapidement, sans se faire voir. En sortent parfois des personnages sans visages, des silhouettes qui marchent dans une journée si sombre qu’on dirait qu’il fait nuit, comme une nuit interminable en plein jour.
Jean-Baptiste Gauvin
Jean-Baptiste Gauvin est un journaliste, auteur et metteur en scène qui vit et travaille à Paris.
Feng Li, White Night
Publié par Jiazazhi Press
$50