Expo Chicago: Une foire d’art internationale dans la ville “aux larges épaules”
Vue sur le lac Michigan et les gratte-ciels de Mies Van Der Rohe, hot-dogs “Chicago Style” servis en guise de petits fours durant le vernissage : pas de doute, nous sommes bien à Expo Chicago, la plus importante foire d’art moderne et contemporain du Midwest.
Pour cette troisième édition, Tony Karman, le directeur d’Expo Chicago, confirme la stature internationale de la foire. Idéalement située sur le Navy Pier — une jetée longue d’un kilomètre sur le Lac Michigan —, et organisée du 18 au 21 septembre, un mois crucial pour les galeristes, Expo Chicago détient un véritable potentiel pour accéder à cette ambition. La présence de 140 galeries venues de 17 pays différents l’atteste.
Cette année, il s’agissait également pour Expo Chicago de se différencier des autres foires internationales (la Fiac, Art Basel, Frieze London) et de trouver son propre rythme. Or, de la personnalité, Expo Chicago n’en manque pas. Il suffisait d’assister au vernissage, à la fois festif et simple, pour s’en rendre compte : collectionneurs, artistes locaux et grand public s’y côtoyaient dans une ambiance bon enfant.
Parmi les 140 galeries qui participaient à Expo Chicago, un peu moins d’une dizaine présentaient exclusivement de la photographie. On y retrouvait les habitués des grandes foires d’art ; citons la galerie Robert Koch, San Francisco ; la galerie Tom Gitterman, New York ; la galerie Stephen Daiter, Chicago ; ou encore la galerie Larry Miller, New York. De très beaux tirages vintage y étaient exposées : un portrait de Meret Oppenheim par Man Ray datant de 1935 chez Edwynn Houk, un tirage moderniste de František Dtrikol chez Robert Koch, les œuvres de Willy Kessels et Irene Bayer au stand de Tom Gitterman. Parmi ces classiques, le visiteur a pu faire de belles découvertes également : Robert Koch a récemment déniché un photographe hongrois, János Szász, très actif des années 1950 aux années 1970 ; la galerie Hill (Birmingham, Michigan) présentait le travail d’un photographe peu connu de Détroit, Bill Rauhauser, ayant documenté cette ville au cours des années 1960-1970.
Tony Karman avait également prévu une programmation de conférences (Dialogues), d’expositions temporaires (In Situ) et d’installations vidéos (Expo Video). Le photographe américain Alec Soth, exposé par la galerie Martin Weinstein, était l’invité d’une conférence intitulée “The Open Road: Photography and the American Road Trip”, traitant du “road-trip” américain comme genre photographique. Au sein du programme In Situ, Alex Webb et Rebecca Norris Webb exposaient des tirages de leur dernier ouvrage photographique, Memory City, dédié à la ville de Rochester.
Expo Chicago a également fait la part belle à la scène photographique contemporaine de Chicago. Le stand de Columbia College, une école d’art située sur Michigan Avenue, présentait les œuvres des étudiants les plus méritants du département photographique parmi lesquels Samantha Belden, Erin Cramer et Laurel Hauge. Le Hyde Park Art Center exposait les découpages minimalistes de Julie Weber, créés à partir de tirages argentiques trouvés dans des usines, ainsi qu’une œuvre de l’artiste d’origine israélienne, Assaf Evron. Catherine Edelman présentait les œuvres de Sandro Miller et Jess Dugan, deux photographes locaux.
Si l’on s’en tient à la place donnée au medium photographique au sein de la foire, on peut aisément affirmer qu’Expo Chicago a la capacité de défendre une scène artistique locale et de devenir également une grande foire internationale. Les galeristes ont pour la plupart soutenu que cette édition était la meilleure des trois tant en terme de recette que de qualité des œuvres exposées.
Les photographies sont de Matthew Avignone, photographe basé à Chicago. www.matthewavignone.com