La Cucaracha, dernier projet du photographe Pieter Hugo, a été créé au Mexique en 2018 et 2019 et est présenté pour la première fois en Europe par Priska Pasquer du 6 septembre au 23 novembre 2019. Cette série de photos dépeint des personnes et des situations rencontrées par l’artiste au cours de ces quatre séjours à Mexico, Oaxaca de Juárez, Juchitán et Hermosillo. Les portraits et natures mortes mettent en avant l’ouverture de cet artiste voyageur face à des situations génériques mais inattendues.
Trouver un foyer pour vos démons
Je suis venu au Mexique suite à l’invitation de Francisco Berzunza. Il organisait une exposition d’art sud-africain dans un musée à Oaxaca et voulait que je fasse de nouvelles œuvres pour cette exposition. L’exposition sous le titre de Hacer Noche (« Crossing Night »), traite de l’espace perceptible après la mort. Sa seule directive était que le travail porte sur le sexe et la mortalité.
Ce qui a commencé comme une mission est rapidement devenu une obsession, me conduisant à quatre voyages sur deux ans, chacun d’une durée de presque un mois. L’énergie anarchique et viscérale du Mexique m’a aspiré.
Le pays a une éthique et une esthétique particulières; il y est admis et accepté que la vie n’ai pas de victoire glorieuse ou de fin heureuse. Humour, rituel, sens aigu de la communauté et étreinte de l’inévitable permettent de vivre avec des situations tragiques et souvent inacceptables.
Il y a une relation très différente avec la mort de ce à quoi je suis habitué. Au-delà des clichés des squelettes dansants et des crânes en sucre, il y a un lien compliqué avec la mortalité. Cette dynamique nécro politique est plus visible dans les façons contradictoires d’honorer l’au-delà, dans les célébrations de la Journée des Morts et le démembrement brutal des corps par les narcotrafiquants.
Outre la flamboyance et le registre aigu de cette série, il y a l’ordinaire du quotidien. Je suis attiré par la fabulosité du banal et par la banalité de l’exotisme.
Étant donné la nature disparate de mes intérêts, j’ai toujours eu du mal à me situer. On pourrait dire, de façon réductrice, que mon travail a toujours porté sur l’outsider – et à l’époque de Trump, le Mexique est certainement l’outsider.
La Cucaracha, la chanson folklorique espagnole qui a donné son nom à cette œuvre, est d’origine contestée. Alors que sa base est restée la même, décrivant un cafard qui a perdu une jambe ou deux et lutte pour marcher, ses nombreux vers ont été improvisés en fonction des besoins du moment. Les historiens ont retracé l’histoire de cette chanson aussi loin que le début des années 1800, mais il est largement admis qu’elle a pris de l’importance pendant la Révolution mexicaine quand les forces rebelles et gouvernementales ont inventé des paroles qui commentaient les grandes figures politiques, les événements de la guerre et ses effets sur les civils. Des versions contemporaines ont fait référence à la consommation de marijuana et ont été interprétées par le personnage de Looney Tunes, Speedy Gonzales.
Le refrain en forme de jingle, alliant humour et dérogation, est profondément lié à l’expression géopolitique, historique et pop-culturelle spécifique du Mexique – un endroit où l’hyper violence, le traitement joyeux de la mort, le machisme extrême, les points de vue élargis sur le genre, le catholicisme dogmatique, le respect pour les autocraties surnaturelles et cycliques, la fourniture de logements sociaux équitables, le désespoir chronique et une vision commune ont tous trouvé un moyen de coexister.
Pieter Hugo, July 2019
Pour plus d’informations: www.priskapasquer.art / [email protected] / +49 2219526313
Informations
Priska Pasquer - Gallery / C_Room 1
Albertusstraße 18, 50667 Cologne, Allemagne
06 septembre 2019 au 23 novembre 2019