C’est le cinquième Dialogue de la Collection Ettore Molinario. Un dialogue entre insectes, entre abeilles et coléoptères, entre habitants des airs et des enfers. Un dialogue qui a le goût doux et amer du miel et qui renouvelle mon invitation à nous suivre.
Il faut avoir épousé le crime pour être un leader, un Pakhan, comme on disait dans les cercles les plus sombres des prisons russes des années 1980. Vous devez avoir rejoint le mal en vous déclarant son humble serviteur pour avoir le privilège de vous tatouer les anneaux de commandement sur vos doigts. Anneaux de splendeur royale avec sceptres et couronnes, anneaux comme des poignards pour commémorer meurtre et vengeance, anneaux où chaque rayon de soleil est une condamnation et les croix sont des voyages vers la « zone », les champs extrêmes du travail forcé. Tout en étant seigneurs de toute violence, même les habitants de l’enfer invoquaient un peu de paix, et puis à l’annulaire, où l’on imagine une petite artère qui remonte vers le bras et atteint le cœur, où les époux échangent leurs vœux, un scarabée est apparu, l’insecte porte-bonheur, symbole de la résurrection pour les anciens Égyptiens. Mais comment sortir des ténèbres du monde souterrain, de n’importe quel monde souterrain ? Vous ressuscitez par l’acte de désirer, dit Sergueï Vasiliev, geôlier et photographe ; et la pomme qui semble une moustache de cette main, et au contraire si loin, ce n’est certainement pas le fruit du péché, car le condamné en sourirait, mais c’est le désir lui-même. Le désir indestructible. Le désir de la chose perdue qui, lorsqu’elle reviendra à la lumière, aura le goût doux et amer du miel. Et si l’insecte qui distille le nectar habille Thierry Mugler et fait partie des sublimes créatures qu’Alfa Castaldi a façonnées pour Vogue et pour les fameuses doubles pages d’Anna Piaggi, alors embrasse ton scarabée, embrasse la bague qui t’unissait pour espérer malgré tout, parce que tu es un homme chanceux.
Ettore Molinario