Partenaire de la Carte Blanche PMU dès la création du prix, les éditions Filigranes signent pour la septième fois, avec whitepapierstudio, les ouvrages qui accompagnent la récompense. Entretien avec Patrick Le Bescont autour de la réalisation de Cristal House d’Anna Malagrida.
Comment est née cette collaboration avec la Carte blanche PMU qui fête son septième anniversaire cette année ?
Diane Dufour, directrice du Bal, m’a proposé ce partenariat, car nous travaillons régulièrement ensemble, notamment pour d’autres prix dédiés à la photographie. Dès le deuxième ouvrage réalisé pour le PMU, il a été décidé de diffuser les livres en librairie, ce qui n’était pas le cas du premier. C’est également à partir de ce moment-là que l’idée de créer une collection s’est imposée.
Qu’entendez-vous par collection, chaque ouvrage réalisé pour la Carte Blanche étant différent ?
La seule contrainte que nous nous imposons, c’est un format unique, avec peut-être à terme l’idée de réunir les ouvrages dans un coffret. Pour le reste, qu’il s’agisse de la ligne graphique, du nombre de pages, du choix du papier ou encore de la conception de la couverture, chaque livre s’adapte au travail et à la démarche des lauréats. Chaque ouvrage de la collection est donc différent, en effet.
Le processus de création de l’ouvrage diffère-t-il des livres que vous réalisez ordinairement pour les éditions Filigranes ?
Habituellement, lorsque je commence un livre, le travail photographique existe déjà. Ce n’est pas le cas avec la Carte blanche PMU. En effet, à partir du moment où le lauréat est désigné, nous avons six mois pour tout réaliser : les images, le livre et l’exposition. C’est un vrai défi, mais c’est justement ce qui rend l’expérience passionnante. C’est un «work in progress» dans la mesure où le livre est quasiment conçu en même temps que les œuvres. Pour ce faire, nous nous réunissons régulièrement au fur et à mesure de l’état d’avancement du travail du lauréat. Il y a un côté «laboratoire» puisque le livre commence à naître au moment où les images apparaissent. Et il s’agit d’un travail d’équipe avec le PMU, le Centre Pompidou, l’artiste ainsi que la graphiste du whitepapierstudio.
Comment vous partagez-vous le travail avec le whitepapierstudio ?
S’il définit la ligne graphique, de mon côté, je me charge de la partie technique : choix du papier, de la reliure, etc. Pour l’ouvrage d’Anna Malagrida, par exemple, nous avons ainsi opté pour une reliure Otabind dont le dos est détaché de la couverture, ce qui permet au livre de s’ouvrir complètement, ce qui offre une bonne lecture des images. Mais comme je l’ai dit, c’est avant tout un travail d’équipe : nous avons appris à travailler ensemble et à mettre en commun nos compétences. Il y a parfois des tensions, mais nous finissons toujours par tomber d’accord…
Les livres réalisés pour la Carte blanche sont assez sophistiqués. Est-ce parce que vous les considérez comme le prolongement du travail de l’artiste ?
Ils sont de facture assez recherchée et originale parce que le PMU nous en donne les moyens financiers… Celui d’Anna Malagrida comporte 3 cahiers avec des pages plus courtes qui se regardent à l’horizontale, contrairement au reste du livre. Nous avons fait ce choix pour rendre compte de ses images vidéo. Le papier de ces 3 cahiers est différent également, plus fin et volontairement transparent, pour jouer sur l’idée de couches et d’épaisseurs et sur ce que nous appelons l’image fantôme. Nous avons ainsi réussi à répondre à la question épineuse pour un éditeur : comment faire figurer de la vidéo dans un livre ? Et je crois que c’est réussi !
Propos recueillis par Sophie Bernard
Exposition
Cristal House, Anna Malagrida, Centre Pompidou, exposition du 28 septembre au 17 octobre 2016, dans la Galerie de photographies, entrée libre.
Commissariat de Karolina Ziebinska-Lewandowska, assistée de Françoise Vogt et Emmanuelle Etchecopar-Etchart
Livre
Cristal House, anglais/français, co-production Carte blanche PMU, ouvrage conçu par whitepapierstudio, éditions Filigranes, 25 euros