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Edward S. Curtis, Indiens d’Amérique

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C’est au début du XXe siècle que s’est probablement tenu l’épilogue d’un des plus grands génocides humains. Dans les années 1900, les Indiens dits d’Amérique disparaissent dans les réserves que les nouveaux Etats-Unis leur ont inventé ou sont déjà morts assassinés par son armée, tués par la maladie ou le désespoir. Edward S. Curtis, photographe originaire de Seattle, réalise à l’époque l’importance de leur disparition et décide de consacrer trente années de sa vie à documenter celle des survivants. Nombre de ses photographies sont devenues emblématiques et se retrouvent aujourd’hui publiées dans un ouvrage intitulé Short Nights of the Shadow Catcher: The Epic Life and Immortal Photographs of Edward Curtis.

Surnommé « Attrapeur d’ombres », Shadow Catcher en anglais, Curtis est un homme fringant, un grand et beau barbu qui a su se frayer un chemin dans le cercle fermé de la haute société de la côte Est. C’est auprès des élites du pays qu’il va chercher à financer son projet : photographier le quotidien des quatre vingt tribus indiennes restantes. Auprès, étrangement, des mêmes hommes riches dont les entreprises et les exploitations industrielles ont mis les Amérindiens en danger d’extinction. En photographe humaniste, Curtis réussit avec le temps à gagner la confiance de nombreuses tribus à un moment où le gouvernement préfère éradiquer leurs coutumes et leur mode de vie. La patience et la persévérance lui permettent de réaliser plusieurs expéditions significatives durant lesquelles il pose son objectif sur le visage des Indiens, leurs campements, les chasses au gibier, les manifestations de leur tradition. Une patience qui lui permet également d’assister à plusieurs rituels secrets dont peu d’hommes blancs ont été témoins.

De toutes ces images, on reconnaitra sûrement les nombreux portraits des chefs Indiens ou bien ce plan large intitulé Canyon de Chelly, réalisée en 1904 et représentant une promenade de sept cavaliers Navajo, au coucher de soleil et au pied d’un Canyon orangé. A la découverte de son œuvre, Curtis aurait subi les foudres de certaines critiques affirmant que ses photographies étaient souvent posées et qu’il avait demandé aux Indiens de changer leur habits modernes contre des vêtements plus traditionnels et appartenant plutôt à leurs parents. Qu’importe, dans l’ensemble, son travail qui recense 40.000 clichés et 10.000 enregistrements en 75 langues est probablement devenu la plus grande entreprise anthropologique jamais menée.

Jonas Cuénin

Short Nights of the Shadow Catcher: The Epic Life and Immortal
Photographies d’Edward Curtis
Textes de Timothy Egan
Publié par Houghton Mifflin Harcourt
412 pages
$28

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