À la fin du mois d’août, après plus d’un an, l’exposition Edmund Clark: War on Terror tirera sa révérence et quittera l’Imperial War Museum de Londres. Il est regrettable que les visiteurs VIP venus découvrir l’éblouissant salon Photo London n’aient pas bénéficié d’une visite privée en compagnie de l’artiste. Ce parcours est en effet l’un des plus remarquables témoignages que L’Œil Invisible ait vu ces temps-ci.
Car Edmund Clark témoigne. Kathleen Palmer, chef du département des arts à l’IWM, a organisé l’exposition avec Hilary Roberts. Dans le communiqué de presse, elle déclare que les travaux innovants d’Edward Clark sur la « War on Terror » (guerre contre le terrorisme) trouvent de nouvelles façons d’éclairer certains de ses aspects qui, jusqu’alors, étaient restés dans l’ombre.
Les composantes de l’installation sont d’une beauté déstabilisante qui brouille les considérations morales que la société contemporaine doit affronter : que pensons-nous du fait que des citoyens soient placés en détention sans autre forme de procès ?
Les textes sur les murs sont excellents. En voici un exemple : « Le travail de Clark examine les ramifications humaines, juridiques et éthiques du contreterrorisme pratiqué par l’état, et remet en question le portrait stéréotypé des suspects. Il étudie la censure et les contraintes officielles quant à l’accès aux individus concernés, et passe au crible toutes les façons de décrire ces êtres, intégrant des images des espaces quotidiens et des biens personnels avec des documents administratifs pour nous livrer toute la portée des mesures de contre-terrorisme sur ces personnes. Cette exposition reflète l’évolution de Clark en tant que photographe et artiste qui cherche à analyser les complexités de la guerre asymétrique moderne. » Chapeau l’artiste.
Ce qui frappe chez Clark, c’est la clarté et la finition de sa photographie qui transcende ses apparentes limites documentaires par son esthétique. Sur un plan affectif, ses images semblent sereines alors qu’elles sont imprégnées de terreur et d’angoisse. Les couleurs sont vives et les tirages nets, en grands formats. Une fois franchies les portes de verre, qui laissent paraître l’image d’une forêt subversive étalée sur tout un mur, il faut un certain temps pour s’approprier le mélange de documents et de vidéos. En examinant les photos cependant, le visiteur ressent immédiatement le texte qui se cache entre les lignes. Cela fait froid dans le dos.
W.M. Hunt
W.M. Hunt est collectionneur de photos, commissaire et consultant. Il vit et travaille à New York, où il enseigne à l’École d’Arts Visuels. Il est membre du Bureau des Directeurs du W. Eugene Smith Memorial Fund. Son livre L’Œil Invisible (publié chez Actes Sud), consacré à sa collection personnelle, compte parmi les recueils photographiques les plus fascinants.
Edmund Clark, War on Terror
Jusqu’au 28 août 2017
The Imperial War Museum
Lambeth Road
Londres, SE1 6HZ
Royaume Uni
http://www.iwm.org.uk/exhibitions/iwm-london/edmund-clark-war-of-terror Edmund Clark: War of Terror
