Alexandra Boulat, fille de Pierre Boulat, seul photographe français de Life magazine, a suivi les traces de ce prestigieux héritage et fut une des photographes les plus engagées de sa génération, notamment dans la guerre des Balkans. Elle fondera aussi avec six grands reporters l’agence « VII » au sein de laquelle elle était la seule femme. Elle avait entamé sa volonté d’expression par la peinture mais après un long séjour au Japon, le démon de l’image fixe reprendra ses droits et là voici photographe pour l’agence SIPA. Elle parcourt le monde, l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan, la guerre en Bosnie, elle est sur tous les fronts de l’actualité. Le destin la fauchera accidentellement en Palestine à Rhamallah, écho terrible à Gerda Taro lors de la bataille de Madrid en 1939. Sa disparition coïncide avec le déclin du Photojournalisme, les magazines ne pouvant plus assurer le coût et les risques de ces envoyés spéciaux qui, au péril de leurs vies, nous ouvrent les yeux sur les horreurs et les conflits à travers le monde.
Alexandra nous a laissé une œuvre sombre et poignante. Sa nièce, Lucie Saada a assuré le commissariat de cette exposition avec laquelle elle a voulu rendre un hommage au travail d’Alexandra « Ses photographies en Yougoslavie résument, à mes yeux, toute l’injustice d’une guerre. Les conséquences d’une guerre sont concrètes et ses premières victimes sont les Hommes. Sandra est toujours parvenue à rendre compte de cela, de l’humanité d’une guerre, de sa valeur concrète justement. Cette exposition rend hommage aux civils, à ces hommes et femmes soudainement pris de court par la violence. Elle rend aussi hommage aux journalistes, je crois dans l’importance de l’information. Sans eux, sans leur courage et leur désir de montrer la vérité du monde, nous ne pourrions pas nous confronter tant aux joies qu’aux violences de ce qui nous entoure.
Jean-François Camp
Alexandra Boulat : Eclats de Guerre
du 20 avril au 10 mai 2022
DUREV
56, Bld de La Tour-Maubourg
75007 Paris
www.durev.com