Gunter Sachs s’est tué ce week-end. Il avait 78 ans. Une note a été communiquée à l’agence de presse Suisse SDA/ ATS et rendue publique selon les volontés du défunt.
Avant de se donner la mort dans son chalet en Suisse, Gunter Sachs a écrit ces mots: “la perte de contrôle intellectuel sur ma vie est un état insupportable, j’ai choisi de le stopper de manière irrévocable.” Il parle de la “maladie A sans espoir” et souligne ses pertes de mémoire constantes, un des symptômes de la maladie d’Alzheimer.
Pour beaucoup le nom du playboy milliardaire allemand évoque les années fastes de St.Tropez, de Gstaad et de son mariage avec Brigitte Bardot. Quelques privilégiés gardent le souvenir de courses de bobsleigh, suivies de nuits glorieuses dans son club le Dracula’s Ghost Riders Club à St.Moritz.
Né en 1932, l’héritier de l’empire Opel a d’abord suivi avec succès une carrière de réalisateur de documentaires, avant de devenir photographe. Il s’est d’abord intéressé aux filles splendides et dénudées avant de se décider à les rhabiller quand il s’est tourné vers la photographie de mode.
Dans l’introduction de son livre Mirror Images en 1982, il écrit: “la photographie m’attire comme une courtisane capricieuse: Plus elle est difficile, plus elle devient irrésistible pour son amant.”
Après l’avoir rencontré grâce à mon ami Jean-Claude Sauer, j’ai croisé plusieurs fois Gunter Sachs lors de mes années à Paris-Match. Je me souviens de son hospitalité, de sa gentillesse, de son rire et de sa passion pour la photographie (Je ne partageais pas son autre passion: l’Astrologie).
Quand beaucoup deviennent photographe de mode pour les “filles”, l’argent, et le style de vie (pas nécessairement dans cet ordre), Gunter, lui, n’avait pas besoin de la photographie pour vivre cela, il l’avait déjà.
Pour lui, il s’agissait juste de son amour pour la photographie.
A St.Tropez en 1966, quelques heures après avoir rencontré Brigitte Bardot, il fit survoler “La Madrague” pour arroser la villa avec des centaines de roses rouges.
Tout sa vie et jusqu’à sa fin ultime, ce samedi, Gunter Sachs a toujours décidé de sa vie.
Gilles Decamps