David Zwirner a présenté récemment The Outlands une sélection de photographies de William Eggleston, dont la majorité n’ont jamais été vues. C’était la cinquième exposition personnelle d’Eggleston avec David Zwirner depuis qu’il a rejoint la galerie en 2016 et coïncide avec la sortie de William Eggleston: The Outlands, Selected Works, une nouvelle publication de David Zwirner Books consacrée à cette série, avec une préface de William Eggleston III et de nouveaux textes de l’historien de l’art Robert Slifkin et l’auteure Rachel Kushner. L’exposition précède une étude majeure du travail d’Eggleston, mettant en vedette plusieurs des photographies de The Outlands, qui fera ses débuts en janvier 2023 au C/O Berlin avant de se rendre à la Fundación MAPFRE, Barcelone, et à la Fundación MAPFRE, Madrid.
Prises entre 1970 et 1973, les images de The Outlands proviennent du même vaste projet photographique à partir duquel Eggleston et le célèbre conservateur de la photographie John Szarkowski ont sélectionné les images pour l’exposition révolutionnaire de l’artiste en 1976 au Museum of Modern Art, de New York, ainsi que la publication connexe et largement célébrée William Eggleston’s Guide. Comme l’écrit Robert Slifkin à propos de ces images, « Tout au long de la série, les forces lentes et incessantes de la nature laissent leur marque sur les voitures rouillées et les bâtiments à la peinture écaillée, ainsi que sur les panneaux d’affichage et les affiches électorales abimées par les intempéries qui sont parfois obscurcis et entourés par les herbes folles. Dans de nombreuses images, un équilibre sensible est trouvé entre le paysage construit mais dégradé et le ciel immaculé et en constante évolution. Parfois, la présence irrépressible du firmament s’aligne sur des objets banals et sur d’humbles signes d’entreprise humaine.… D’autres fois, comme lorsque Eggleston capture occasionnellement le ciel reflété dans les flaques d’eau des routes de campagne défoncées, des parkings décolorés et des piscines de banlieue, le céleste royaume s’étend semblable à un miroir, voire à une photographie, jusqu’au sol. »1
Pionnier de la photographie couleur, Eggleston a contribué à élever le médium à la forme d’art qui est aujourd’hui reconnue. Les œuvres qui seront exposées illustrent la capacité singulière d’Eggleston à visualiser une rencontre distinctive qui résume néanmoins les qualités d’un temps et d’un lieu plus généraux à travers les subtilités de la couleur, de la surface et de la lumière. Certaines images rappellent les paysages coloristes ruraux du XIXe siècle, tandis que d’autres ont une qualité visuelle presque tamisée mais lourde qui rappelle les peintures d’Edward Hopper. La sophistication formelle et le pictorialisme de ces œuvres sont complétés par la façon dont Eggleston manifeste de manière évocatrice le caractère unique du paysage visuel et matériel américain d’après-guerre. Des images de stations-service, de bars, de burgers et de drive-in offrent une méditation sociologique sur la typologie de l’environnement bâti du sud des États-Unis tout en soulignant la présence et l’individualité des personnes qui habitent ces espaces.
De nombreuses images qui seront présentées dans l’exposition témoignent du raffinement de la vision d’Eggleston et de son talent suprême pour travailler à l’intérieur et à l’extérieur des conventions du médium photographique. La photographie d’un verre de thé glacé posé sur une table dans un restaurant semble faire référence presque consciemment à l’image désormais emblématique d’Eggleston d’une boisson posée sur la tablette d’un fauteuil d’avion, également prise à cette époque. Une photographie d’un break Dodge bleu de 1956 semble avoir été prise dans la même rue et du même point de vue que l’image bien connue d’Eggleston du tricycle, en couverture du William Eggleston’s Guide.2 Une vue de l’angle d’un intérieur couvert de graffitis, est baigné d’ une profonde teinte rouge rosé, rappelle une autre des images les plus connues de l’artiste, représentant une ampoule projetée d’un plafond rouge sang. À la fois familières et étonnamment fraîches, ces images évoquent un sentiment de rêverie de déjà-vu, reflétant le caractère poignant du talent artistique d’Eggleston.
William Eggleston est né en 1939 à Memphis, Tennessee, où il vit toujours aujourd’hui. William Eggleston : The Democratic Forest, une exposition d’œuvres tirées du projet encyclopédique de l’artiste, a marqué sa première exposition personnelle chez David Zwirner New York en 2016. 2¼, une exposition de photographies carrées de format moyen d’Eggleston, a été présentée en 2019 chez David Zwirner Londres. En 2020 Les photographies d’Eggleston prises avec des appareils photo moyen et grand format ont été présentées à David Zwirner Hong Kong, et en 2021, une présentation conjointe d’œuvres d’Eggleston et de John McCracken a été présentée 69e rue dans la galerie à New York.
1 Robert Slifkin, “Et in Arcadia Entropia,” in William Eggleston: The Outlands, Selected Works (New York: David Zwirner Books, 2022), p. 96.
2 As discussed in Slifkin, p. 96.
William Eggleston: The Outlands, Selected Works
David Zwirner Books
Couverture souple, à rabats
10.75 × 14.75 in | 27.3 × 37.5 cm
224 pages, 123 illustrations
ISBN 978-1-64423-077-0
$95 | $128 CAN | £75
www.davidzwirner.com