Pendant plus de soixante ans, David Goldblatt a porté un regard critique mais compatissant sur les évolutions sociales et politiques de son pays natal, l’Afrique du Sud.
Attiré « par le tranquille et l’ordinaire, là où rien n’est arrivé, mais où tout était contenu et inhérent » Goldblatt expose les complexités de la vie quotidienne, pour révéler les effets profonds de l’apartheid et les modalités qui continuent d’influencer le tissu social du pays. Comme l’écrit Ingrid Sischy dans son introduction à Kith, Kin et Khaya : Photographes d’Afrique du Sud, « David Goldblatt est un vrai marginal dans l’histoire de la photo. Il se démarque par son engagement épique auprès du médium. C’est un être unique, dont les photos d’Afrique du Sud, prises à partir des années 1940 jusqu’à aujourd’hui, n’auront que plus de répercussion au fil du temps. »
Le déplacement des populations noires
L’essai photographique de Goldblatt sur les transports dans son pays natal, The Tranported of KwaNdebele, 1983-1984, met en lumière les déplacements opprimants de la population noire, imposés par l’apartheid. Commandées par la seconde enquête Carnegie sur la pauvreté et le développement en Afrique du Sud, les photos montrent les ouvriers deKwaNdebele, qui passent entre trois heures et demie et huit heures par jour dans les transports vers et depuis leurs lieux de travail dans la métropole de Pretoria. Puisque la police de l’apartheid avait exigé la ségrégation des noirs d’Afrique du Sud, des millions de personnes ont été déplacées plus loin de force, dans des campements en campagne où les opportunités de travail sont rares.
Touché par l’ubiquité de la violence et l’état de non-droit en Afrique du Sud, où le taux de criminalité compte parmi les plus élevés du monde, Goldblatt a cherché à étudier des statistiques anciennes et exposer l’humanité des criminels dans sa série Ex-Offenders at the Scene of Crime, 2008-2015. À travers les organisations de réhabilitation des prisonniers, il a approché d’anciens criminels ou délinquants en liberté conditionnelle pour les photographier sur les lieux de leurs crimes. Les portraits captivants sont accompagnés de récits personnels, résumés à partir des entretiens avec l’artiste, qui racontent les histoires et les crimes des sujets.
Comme l’explique Goldblatt, ses photos ne contiennent aucun programme social : « mon intérêt pour les anciens délinquants est né d’un désir de savoir qui sont ceux qui perpétuent les crimes et de me faire une idée de leur vie et de la façon dont ils en sont arrivés là. Est-ce que ces gens pourraient être mes enfants ? Est-ce qu’ils pourraient être vous ? Ou moi ? » En 2012, à l’invitation du centre d’art communautaire de West Bromwich, Multistory, Goldblatt a développé son projet pour y inclure les anciens délinquants du pays noir britanique.
David Goldblatt
The Transported of KwaNdebele: A South AfricanOdyssey, 1983 – 1984
&
Ex-Offendersat the Scene of Crime, 2008 – 2015
14 septembre – 29 octobre 2016
Pace/MacGillGallery
32 East 57th Street, 9th Floor
New York, NY 10022
USA