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Daniel Psenny : Szia Budapest !

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Il s’appelle Daniel Psenny. C’est un journaliste devenu photographe. C’est une jolie histoire. La voici. Et demain, nous publierons un texte très intéressant qu’il vient d’écrire sur la photographie hongroise !

Voilà trois ans que j’ai quitté Paris pour m’installer à Budapest. Après quarante ans de journalisme en France, dont vingt et un ans passés au Monde, j’ai décidé de poser mon stylo et de profiter de la vie.

En quittant l’écriture au quotidien, j’ai redécouvert le plaisir de photographier comme je le faisais il y a quarante ans avant de passer à l’écriture. Après toutes ces années pendant lesquelles je n’avais pas touché un appareil photo, j’ai eu l’impression d’avoir un œil tout neuf, curieux et, surtout, en rien blasé. Il faut dire que Budapest possède une atmosphère particulière et c’est un formidable terrain de jeu pour un photographe. Que ce soit d’un point de vue architectural, de l’Histoire ou du mode de vie, je suis tous les jours surpris.

C’est la singularité de cette ville avec ses bains, ses jardins, ses larges avenues, ses bars, ses monuments et son passé que l’on devine ancré jusque dans les murs. Parfois, j’ai l’impression de revivre les années soixante dix en France avec cette forme d’insouciance, de plaisir et de solidarité.

Parmi les centaines de photos que j’ai prises depuis trois ans, les vingt cinq clichés sélectionnés pour ce portfolio ne représentent pas, bien sûr, une vision exhaustive de Budapest. Elles sont le reflet de mon regard sur cette ville. On part de la gare de Nyugati en direction du lac Balaton en passant par le métro et les piscines. Sans me comparer à Cartier Bresson, j’essaie de saisir « l’instant décisif ». Avant d’appuyer, on voit le cadre, les personnages, la lumière et, parfois, tout s’aligne en un instant. Et là, on éprouve un vrai plaisir !

Dans cette sélection, j’aime beaucoup cette photo de la statue de Lénine emballée sous une bâche de plastique et reléguée dans un coin de Mémento Park, le musée à ciel ouvert des anciennes statues du communisme. Ce jour là, la lumière grise était magnifique et ce Lénine abandonné mais toujours « vivant » m’est apparu comme une métaphore du passé et du présent qui secoue la Hongrie depuis la chute du communisme. Ma préférée reste toutefois cet homme lisant sereinement son journal dans les thermes Paskal appuyé sur un muret de céramique en forme de canotier. Il représente pour moi la sérénité et la douceur de vivre de Budapest.

En photo, on ne peut pas tricher avec la réalité même si malheureusement aujourd’hui des logiciels le permettent. Je n’embellis pas ou n’assombris pas Budapest qui vit, se bat et résiste. J’essaie de la montrer telle qu’elle est à travers des regards, de la lumière, des couleurs. Budapest n’est pas seulement une destination touristique.

Malgré cette « démocrature » imposée par le premier ministre Viktor Orban qui muselle les médias, étouffe la justice et poursuit les minorités, Budapest ne se résigne pas. Et j’ai voulu montrer cette résistance à travers plusieurs photos de manifestations comme celle des étudiants en cinéma contre la reprise en mains de leur université la SZFE, ou de la Gay Pride au moment où Orban s’attaquait durement aux mouvements LGBTI.

Dans une sorte de panoramique très personnel, j’ai voulu montrer l’envers du décor, loin des clichés touristiques.

Daniel Psenny

 

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