A la mode de Samuel Fosso
« Tout le monde se sent beau, mais moi, je sais que je suis beau. »
Cette phrase inscrite sur les murs de l’exposition de Samuel Fosso à la Fondation Zinsou à Cotonou annonce la couleur et fait sourire. Quand on découvre pour la première fois le travail de ce photographe, la surprise est de mise. Pour ceux qui ont déjà plongé dans son univers, cette exposition revisite son parcours chronologiquement et sa démarche unique. Ici, ce sont quinze photographies de l’artiste camerounais que l’on voit aux murs de la fondation.
Réalisée dans son studio à Bangui en Centrafrique, c’est à travers des autoportraits mis en scène que Samuel Fosso se mue en un autre, parfois une femme, parfois en icône ou héros. « Le sujet, c’est moi. Mais le sujet c’est une autre personne qui raconte l’histoire d’une autre personne. »
La scénographie de cette exposition joue avec les périodes et l’évolution de la pratique du photographe. Le spectateur s’immerge d’abord dans un monde noir et blanc, où l’on découvre cinq premières images produites à ses débuts. D’abord photographe de studio au sens classique, il laisse entrevoir dans la dernière image présentée dans ce corpus les prémices de ses autoportraits.
Lorsque l’on monte d’un étage, c’est la couleur qui saute aux yeux. Ce sont dix images de la série Tati réalisée sur commande en 1997 pour le 50e anniversaire de la célèbre enseigne de magasins français qui sont présentés sur des pans de murs colorés. On s’immerge dans des photos décalées qui font et défont les codes de l’image de mode et la représentation de l’identité africaine. Et c’est un pirate, une bourgeoise, un cadre supérieur ou encore un marin qui nous font face ici.
Depuis, les photos de Fosso dépassent le simple autoportrait pour révéler des messages souvent politiques. Jusque dans ses dernières séries, notamment African Spirit ( 2008), qui immortalise en noir et blanc les penseurs panafricanistes et des personnalités du mouvement des droits civiques aux États-Unis comme Malcolm X, Nelson Mandela, Patrice Lumumba ou Léopold Sedar Senghor.
Entièrement gratuite, cette exposition a ouvert ses portes le 14 avril et se tient jusqu’au mois d’août 2014.
Plusieurs évènements la ponctuent, comme une conférence mardi 15 avril 2014 à 19 h dans l’espace de la Fondation Zinsou : « Dorian Gray à Bangui », animée par Simon Njami.
La Fondation Zinsou éditera une nouvelle parution des Cahiers de la Fondation : Samuel Fosso, the spectacle of the body, par Brendan Wattenberg, directeur des expositions de la collection Walther à New York. A cette occasion, Erika Nimis, historienne et spécialiste de la photographie, donnera une conférence.
EXPOSITION
Samuel Fosso
Jusqu’au mois d’août 2014
Fondation Zinsou
01 BP 7053 Cotonou
Bénin
L’espace d’exposition de Cotonou est ouvert tous les jours sauf le dimanche
– lundi de 13 h à 19 h
– du mardi au vendredi de 8 h 30 à 19 h
– samedi de 10 h à 19 h
http://www.fondationzinsou.org/FondationZinsou/Fondation_Zinsou_Accueil.html