Son nom : Tina Cosmai. Elle vient de sortir un livre aux éditions Contrasto intitulé : Via di Fuga a Mare. La curatrice et critique d’art Gigliola Foschi le présente ainsi :
Des images comme des figures de l’éloignement, du silence, du parler à voix basse, presque en allusion. Des photographies d’un même lieu qui changent d’image en image, comme si elles voulaient nous guider dans un voyage immobile vers un ailleurs de la pensée qui nous entraîne dans notre rapport à la nature et au temps, à nous-mêmes et à nos solitudes. La mer est toujours devant nous, dans notre champ de vision : infinie, sans limites et pourtant désormais inaccessible, comme une présence-absence. Inaccessible parce qu’il n’indique plus aucun départ vers un ailleurs, aucune possibilité d’identification. Il ne nous fait pas ressentir un tremblement devant l’illimité, mais communique une affection presque archaïque qui se combine avec un sentiment subtil de non-participation, d’aliénation. C’est pourquoi nous la voyons maintenant voilée, immergée dans une lueur qui confond ciel et horizon.
Via di Fuga a Mare est le titre emblématique de la série d’œuvres, divisée en cinq « petits chapitres », présentée par Tina Cosmai. Mais Via di Fuga a Mare, c’est aussi l’inscription sur un panneau corrodé par le sel et la négligence humaine, surplombant au loin une mer presque invisible. Il s’agit d’une sorte d’image oxymorique annonçant ce qui est empêché : une échappatoire vers quelque chose qui n’existe presque plus, vers une mer devenue « un paysage balnéaire improbable hybridé avec des implantations industrielles » (comme l’écrit l’auteur). Une mer vers laquelle les hommes, malgré tout, continuent de tourner leur regard, comme attirés par un désir inconscient et inassouvi d’infini. Dans ses images, le ciel fermé dans une blancheur intemporelle et l’horizon oblitéré par les docks industriels, qui semblent vouloir prendre la place des nuances marines de bleu et de bleu ciel, créent une atmosphère subtilement angoissée, un sentiment de solitude, une absence d’espoir. Des émotions que l’auteur tempère par une touche poétique, comme si elles provenaient de la baguette magique d’une fée sensible à la souffrance du monde et des êtres humains, et donc décidée à la soulager. Les œuvres de Tina Cosmai, comme sa mer, sont en fait des images sans limites, des images intimes où la légèreté se conjugue avec la mélancolie, la réalité avec la rêverie. Ces œuvres naissent en effet d’une « conversation intérieure » avec le paysage, car elles se fondent sur une longue familiarité, sur un dialogue silencieux capable de faire ressortir ce qui reste caché et de stimuler les fantasmes et les émotions.
Gigliola Foschi
Curatrice et critique d’art
Tina Cosmai : Via di Fuga a Mare
Un livre publié par Contrasto Éditions
Photographies et texte de Tina Cosmai
Préface de Gigliola Foschi
Livre avec rabats
25 x 25 cm
96 pages avec 60 photographies en couleur
25 €
www.contrastobooks.com