Il s’agit du 31ème dialogue de la Collection Ettore Molinario. Un dialogue qui me tient beaucoup à cœur, car il clôture l’année écoulée et annonce les mois à venir. Un dialogue entre des époques et des perspectives différentes, et c’est pour cette raison que j’ai voulu combiner deux images qui parlent de photographie et de peinture. J’espère que ce partenariat, parfois difficile et controversé, sera au contraire régénérateur pour nous tous et nous accompagnera avec joie jusqu’en 2024.
Ettore Molinario
À cinquante ans, j’ai décidé de changer de vie, j’ai quitté la haute finance, ma carrière réussie de plus de deux décennies, et je me suis réinscrit à l’université, en choisissant le cursus d’études que j’aurais choisi quand j’étais enfant : l’art. Une fois diplômé, j’ai voyagé à travers le monde pendant trois ans, visitant les musées les uns après les autres. C’était mon Grand Tour personnel, mon grand voyage dans le monde des images. Et c’étaient des images que je pouvais « retrouver » dans la vraie vie. L’une de ces premières rencontres, absolument décisive, fut avec la collection du Musée Kröller-Müller, à Otterlo, en Hollande. Le Semeur de Vincent Van Gogh était là. Après d’infinies reproductions, j’ai pu rencontrer, et j’insiste sur ce verbe, l’image originelle. J’ai enfin vu ce qui était pour moi l’un des plus incroyables « renversements » de couleurs de l’histoire de l’art, ce ciel totalement jaune, au-delà du soleil, ce ciel de blé, qui rejoignait une terre brossée de bleu, et sur cette terre du ciel et les nuages marchaient sur un homme et cet homme semait. Moi aussi, j’aurais récolté les fruits de ses semailles, car dix ans plus tard, lors d’un deuxième Grand Tour au sein de l’image photographique, j’aurais rencontré un autre semeur naturellement inspiré de Van Gogh, mais d’une autre nature. Issu d’une « graine différente », j’ose dire.