Ainsi notre groupe de rockers vétérans, rescapés de tous les combats (à coups de riffs), de tous les dangers (les paradis artificiels), fête ses cinquante ans. Et ne referme pas encore la porte, dopé à l’énergie de cette musique qui coule depuis un demi-siècle dans leurs veines. Alors la photo s’invite au grand bal de la nostalgie et raconte « cette Stones attitude » qui fascine. En France un des grands témoins s’appelle Claude Gassian dont l’histoire comme homme d’images croise et se confond avec celle des Stones.
Claude Gassian, pour ceux qui l’ont connu à ses débuts était comme il se définit lui même « ce fan qui aimait le rock et qui avait un appareil photo, celui de son pére ». Il est quelques décennies plus tard, sans aucun doute, l’un des meilleurs photographes du genre et celui qui a épinglé à son tableau de chasse la presque totalité de la scène rock-blues. On en a la confirmation avec le catalogue de l’exposition rétrospective « Anonymous », proposée en 2007 à la Govinda Gallery de Washington, avec les images exposées à Arles en 2010, ou encore le livre publié aux éditions de la Martinière couvrant la période 1970-2001
Le fan-rocker à l’éternel perfecto qui se rêvait en Bruce Springsteen a sorti de ses archives une petite partie de ses photos des Stones, dont de nombreuses inédites, à l’invitation de la galerie A . Les images sont divisées en séquences et présentées en diptyques, triptyques : scènes, backstage et surtout ces instants de relâchement où les bêtes fiévreuses laissent lentement retomber l’énergie et s’abandonnent à l’objectif du photographe. Claude Gasssian a ainsi en deux occasions vécu l’intimité des Stones. Invité à suivre leurs tournées . durant de longues semaines, en 1990 et 1995, il a partagé la vie quotidienne, les fastidieux trajets sur la route, les hôtels et bien sûr, chaque soir, « la sueur et les larmes » de cette véritable machine à pulser que lui seul avait le privilège de regarder de l’arrière-scène.
Et de s’émerveiller encore maintenant d’avoir eu en toute liberté « les Stones pour lui tout seul… le fan ». Il y a donc les images des concerts et d’autres composées et mises en scène pour lesquelles docilement chacun prenait la pose. Ainsi la réalité dépassait le rêve.
Ce sont donc ces images qui sont exposées à la galerie A. Elles racontent une histoire au service d’une passion. Et elles montrent que le fan qui mitrailla Prince ou Led Zeppelin , qui découvrit Jimi Hendrix et fit le voyage au festival de l’île de Whight pour ses premières photos, avait trouvé un style que les stars de la musique convoqueront souvent, notamment dans le travail sur la couleur. Si un rocker frustré ne fait pas forcément un bon photographe, avec Claude Gassian la route a façonné un merveilleux styliste qui sent les situations, les personnalités. Les photos d’illustration d’un « rock photographer » sont peu à peu devenues les photos d’un artiste rock.
Paul Alessandrini
« Séquences » (The Rolling Stones) – Claude Gassian
Jusqu’au 30 juin 2012
A. galerie
12 rue Léonce Reynaud
75116 Paris
T :+33 6 20 85 85 85
A noter : sous le titre « Forever Young », Claude Gassian expose également une sélection de photos avec les artistes plasticiens Abetz&Drescher à la galerie Suzanne Tarasieve Paris/ Loft 19, jusqu’au 26 mai (www.suzanne-tarasieve.com)