Voici l’entretien entre Vilma Pimenoff et Sophie Bernard, dans le cadre de notre couverture du festival Circulation(s). Dans la peinture classique, les natures mortes rappellent au spectateur que sa vie sur Terre est limitée. Un regard attentif porté sur le travail de Vilma Pimenoff révèle que ses natures mortes sont réalisées avec de la toile cirée. En utilisant des matériaux plastiques, qui mettent plusieurs centaines d’années à se décomposer, l’artiste renverse le rapport à l’éphémère. « 21st Century Still Life » s’avère une réflexion de l’artiste sur le consumérisme et le rôle de l’image dans la société de consommation.
Pourquoi êtes-vous devenue photographe ?
C’est ce que j’ai toujours voulu faire. Mais je ne me limite pas à la photographie car je pense que celle-ci est juste un médium. Ce qui compte, c’est ce que l’on veut dire avec les photographies et son intention.
Vivez-vous de la photographie ?
Oui, de commandes photographiques.
Avez vous déjà publié un livre, reçu un prix, exposé ?
Je n’ai jamais publié de livre ni eu de prix mais j’ai exposé à plusieurs reprises dans de nombreuses expositions de groupe et j’ai fait deux expositions personnelles.
Comment avez-vous connu le festival Circulation(s) ?
J’ai découvert le festival aux Rencontres d’Arles en 2001 à travers une exposition de Circulation(s) qui y était présentée. C’est très excitant d’y être pour cette édition 2016 parce que ce festival bénéficie d’une grande visibilité et la ligne éditoriale correspond bien à mon travail.
Décrivez le propos de votre série.
La série “21st Century Still Life” est un commentaire visuel sur les images qui véhiculent la culture consumériste d’aujourd’hui où l’obsession de la perfection fait que, bien souvent, le faux semble mieux – et idéal – que le vrai. Je suis intéressée par le rôle que jouent les images dans le monde d’aujourd’hui et la manière dont elles sont utilisées pour altérer le réel et nous donner des illusions pour, finalement, nous convaincre d’acheter n’importe quoi.
En quoi consiste l’étape préparatoire de cette série ?
Pour préparer cette série, j’ai fait des recherches sur la nature morte en tant que genre : j’ai regardé des d’images et j’ai lu sur le sujet. J’ai acheté les ustensiles dans des brocantes et dans des bazars. Ensuite, j’ai réalisé les prises de vue dans un studio : cela m’a pris du temps pour donner les bonnes formes aux toiles cirées. Le but étant que cela ait l’air réel, mais en même temps pas trop… Enfin, il a fallu trouver le bon éclairage. Une étape cruciale dans la réalisation de ce projet car c’est la lumière qui fait que la toile cirée, qui est plate, crée un effet de volume. L’idée est de donner l’illusion de la 3 D, et donc que l’on voit non plus une toile cirée mais ce qui est imprimé dessus.
Quels sont vos maîtres ou vos références dans la photographie ou dans l’histoire de l’art ?
Je trouve mes sources d’inspiration dans la vie de tous les jours et dans la culture populaire. Et les proverbes, j’adore les proverbes.
Pensez-vous que la photo ou une photo peut changer le monde ?
Non, c’est un peu un cliché de dire ça. Bien sûr que les photographies peuvent avoir un impact sur les gens… Je suis consciente du fait qu’elles sont souvent appréhendées en dehors de leur contexte et qu’elles n’ont absolument rien à voir avec quelque vérité que ce soit. La photographie est tromperie.
En quoi la photographie a-t-elle changé votre point de vue sur le monde ?
Cela m’a confirmé que je ne dois pas faire confiance à mes yeux.
FESTIVAL
Festival Circulation(s) – Jeune Photographie Européenne
Du 26 mars au 26 juin 2016
CENTQUATRE
5 rue Curial
75019 Paris
France
Fermé le lundi
Plein tarif : 5 euros
Tarif réduit : 3/2 euros
Les expositions en plein air sont libres d’accès ainsi que Little Circulation(s)
Catalogue
Editions 2016, 22 euros
http://www.festival-circulations.com
http://www.vilmapimenoff.com