Voici l’entretien entre Katerina Tsakiri et Sophie Bernard, dans le cadre de notre couverture du festival Circulation(s). La série « Family Affair » se compose d’autoportraits reproduisant les multiples rôles qu’une femme issue de la classe ouvrière grecque occupait durant les années 1950. Par ces représentations, la photographe explore l’influence exercée par sa grand-mère sur la formation de sa personnalité. Katerina Tsakiri avait 18 ans lorsqu’elle a ressenti le besoin de se remémorer des moments du passé et de son enfance en retournant dans la maison de sa grand-mère, où elle avait passé neuf années de sa vie.
Pourquoi êtes-vous devenue photographe ?
Avec la photographie j’ai trouvé une façon de produire les images que j’ai dans la tête.
Avez-vous déjà publié un livre, reçu un prix, exposé ?
J’ai seulement fait deux expositions, l’une aux Kythera Photographic Encounters (Grèce) et l’autre dans une galerie en Crète.
Comment avez-vous connu le festival Circulation(s) ?
Grâce au site Lens Culture. J’ai décidé de postuler parce que c’est un festival majeur dédié aux jeunes photographes et c’est une belle opportunité de présenter mon travail.
Qu’en attendez-vous ?
Je le vois comme une chance de pénétrer dans le monde de la photographie européenne.
Vivez-vous de la photographie ?
J’essaye de faire de la photographie pour vivre ! C’est vraiment très dur, particulièrement dans mon pays. Pour le moment, je suis assistante de photographe de mariage et de baptême à temps partiel. Je fais aussi des photos et des films de pièces de théâtre et de spectacles de danse. Tout mon temps libre – et mon argent – est consacré à la production d’un portfolio de photos de mode et à un nouveau projet.
Pouvez-vous nous décrire le propos de votre série et nous expliquer pourquoi vous avez décidé de la faire ?
“Family Affair” est une évocation des femmes actives des classes moyennes grecques de la fin des années 50. Mon but n’est pas d’en proposer une représentation rigoureusement fidèle mais plutôt de décrire l’atmosphère de cette époque-là. Cela permet à chacun de se réapproprier les images. C’est la raison pour laquelle elles ne sont pas légendées. Le point de départ est personnel : c’est une évocation de mon enfance, lorsque je vivais chez ma grand-mère. Ce sujet est un peu comme une part de moi-même puisque ces années passées avec ma grand-mère m’ont façonnée et ont contribué à faire de moi la personne que je suis aujourd’hui.
En quoi consiste l’étape préparatoire de cette série ?
Pour commencer, j’ai élaboré mentalement les images, puis j’ai recherché les accessoires : vêtements et décor. Lorsque je n’étais pas satisfaite, je recommençais… Il faut dire que j’ai fait cette série pour mon diplôme. J’ai donc bénéficié des conseils avisés de mes professeurs.
Quels sont vos maîtres ou vos références dans la photographie ou dans l’histoire de l’art ?
Nadav Kander : j’apprécie particulièrement l’atmosphère de ses photos, les couleurs et la lumière sont toujours parfaites et ses portraits sont très intenses.
Pensez-vous que la photo ou une photo peut changer le monde ?
Une image peut avoir beaucoup de pouvoir et influencer le monde de plusieurs façons mais elle n’est pas capable de le changer à elle toute seule.
En quoi la photographie a-t-elle changé votre point de vue sur le monde ?
Depuis que je photographie, je suis plus attentive. Je regarde la lumière, les couleurs, les personnes. Spécialement les personnes. J’observe les détails, leurs mains, leurs yeux, leurs gestes, etc.
FESTIVAL
Festival Circulation(s) – Jeune Photographie Européenne
Du 26 mars au 26 juin 2016
CENTQUATRE
5 rue Curial
75019 Paris
France
Fermé le lundi
Plein tarif : 5 euros
Tarif réduit : 3/2 euros
Les expositions en plein air sont libres d’accès ainsi que Little Circulation(s)
Catalogue
Editions 2016, 22 euros
http://www.festival-circulations.com
http://katerinatsakiri.tumblr.com
